L'orthographe n'est pas soluble dans les études supérieures

(Billet mis à jour le 4 octobre 2017)
De temps en temps et au fil de mes découvertes je vous recommande, sur ce blog, des livres dont j'estime la lecture particulièrement intéressante pour progresser en français.

L'orthographe n'est pas soluble dans les études supérieures - aide-mémoire bienveillant, à l'usage des étudiants, Éditions Octarès est le titre d'un ouvrage de François Daniellou.
Vous pouvez en lire la présentation sur le site de l'éditeur (ICI) et lire également cet article. Il s'agit de la quatrième édition augmentée... Et son téléchargement est gratuit. Ce serait trop bête de s'en priver !

Je vous recommande personnellement le chapitre consacré aux accords du participe passé, très bien écrit.
Bref, voici un livre qui devrait être mis entre toutes les mains francophones !

Citation d'Éric-Emmanuel Schmitt

C'est cela qui me pousse à écrire : arriver dans le secret silencieux des êtres.
Éric-Emmanuel SCHMITT

Monopole exclusif

Dans la grande famille des pléonasmes, je vous présente monopole exclusif.
Celui-ci semble évident. En effet, le mot monopole signifiant le privilège (de droit ou de fait) dont dispose un individu, une entreprise ou un organisme public de fabriquer ou de vendre seul certains biens ou certains services à l'exclusion de tout concurrent, ou la possession exclusive de quelque chose (source : Larousse), il est inutile d'ajouter l'adjectif exclusif.

Cela n'empêche pas certains (dont des media ayant pignon sur rue) de l'utiliser.
En voici un exemple ICI.
Ou encore ICI.

D'un autre côté, vous trouverez toujours des gens qui tenteront de vous démontrer qu'il ne s'agit pas d'un pléonasme. Exemple (capillotracté*) ICI (point N° 12).
Polémique typiquement française, n'est-il pas ?


* Capillotracté : du latin capillus (cheveu) et de tractare (tirer avec force).

Ne pas confondre : date et datte

Il ne faut pas confondre date et datte. Facile, me direz-vous. Pourtant, ayant encore rencontré cette erreur récemment, un tout petit rappel s'impose.

Les dattes (du latin dactylus) poussent sur les palmiers dattiers.
Les dates, avec un seul T, poussent quant à elles dans les calendriers.

Donc, tous les mots évoquant la date s'écriront avec un seul T : dater, datif, antidater, datation, horodateur, postdater...

Digital

Que celui qui n'a jamais utilisé l'adjectif "digital" pour "numérique" lève le doigt !

Je sais, voilà un sujet qui ne devrait pas vous empêcher de dormir, moi non plus rassurez-vous. Toutefois, puisque nous sommes dans un espace où le thème central est la langue française et qu'il est important ici de mettre en valeur et de défendre ladite langue, je souhaitais me faire l'écho d'un article paru sur le site du journal Le Monde.

Force est de constater, encore une fois, que le mot anglais a été repris tel quel pour être transposé en français, alors même qu'il existe déjà un mot, "numérique", lequel se traduit en anglais par... "digital" (dans le contexte informatique).
D'ailleurs, il ne vous viendrait pas à l'idée de traduire "digital TV" par "TV digitale". Vous direz, spontanément, "TV numérique". Idem pour "digital camera", que vous traduirez en français par "appareil-photo numérique".

Bref, si vous jetez un coup d'œil dans votre dictionnaire préféré, vous constaterez que l'adjectif "digital" dans le sens de "numérique" y figure. C'est donc désormais une question de choix personnel entre deux adjectifs synonymes dans leur contexte informatique.
Pour ma part, j'opterai toujours pour "numérique", ne serait-ce que parce que "digital" peut avoir un sens franchement différent en français.
Et vous ?

Drôles de définitions (4)

Dernier dimanche de ce premier mois de l'année.
On finit donc en beauté (appréciation personnelle tout à fait subjective) avec cette ultime série de définitions plus ou moins loufoques...

Cellulite
Couche graisseuse qui enveloppe souvent les femmes mais emballe rarement les hommes.

Femme
C'est comme le café, au début ça excite mais rapidement ça énerve.

Carte bleue
Viagra féminin.

Masochisme
Concept proche de la politesse : frapper avant d'entrer.

L'amour
C'est comme un jeu de cartes, si tu n'as pas un bon partenaire, il vaut mieux avoir une bonne main.

Le Gospel
C'est quand ton gamin a pris un coup de soleil.

Femme facile
Femme ayant les mêmes besoins sexuels qu'un homme.

Homme riche
Celui qui gagne plus d'argent que ce que sa femme en dépense.

Grand amour
Expression datant du XVe siècle, lorsque l'espérance de vie était de trente-cinq ans.

Negro spiritual
Humoriste subsaharien

Bon dimanche !

Mon rêve familier

Samedi = poésie !
Au menu cette semaine, ce petit poème de Verlaine...


Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

La métaphore

La métaphore est une figure de style classique et parmi les plus connues.
Rappelons donc en deux mots de quoi il s'agit.

La métaphore est une figure de style qui consiste à établir une ressemblance entre un premier élément (le comparé) et un second (le comparant) pour désigner une chose ou une idée. Elle fonctionne sur le même principe que la comparaison, à la différence que la métaphore fusionne les deux éléments sans utiliser de comparatif.

Allez, quelques petits exemples littéraires pour illustrer cela :

Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage. (Charles Baudelaire) 
Les lois sont des toiles d’araignées, à travers lesquelles passent les grosses mouches et restent les petites. (Honoré de Balzac) 
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles. (Victor Hugo) Ici, la métaphore est implicite (la faucille pour la lune).

Pour en savoir (beaucoup) plus, voir cet article.

Marche à pied

Tiens, notre écrivaillon de service va nous parler d'activité physique, aujourd'hui...
Oui et non.
Oui si la marche sur les mains vous tente.
Non car je voulais juste attirer votre attention sur le fait que la marche à pied est une belle expression pléonastique. Un pléonasme pur jus.
Mais, comme beaucoup de pléonasmes, il est tellement utilisé qu'on en oublie sa nature.

Ne pas confondre : coasser et croasser

Il y a coasser et croasser.
Si vous tapez ces verbes dans un moteur de recherche et que vous affichez des images les illustrant, vous allez vous rendre compte que la confusion est "tendance", et que nos amies les bêtes se voient attribuer des cris qui ne sont pas les leurs ! 
Donc, écrivons-le une bonne fois pour toutes :
La grenouille et le crapaud coassent.
Le corbeau et la corneille croassent.
Super. Un petit truc pour s'en souvenir ? Parce qu'on a vraiment tendance à les confondre, ces deux-là !
Voici un moyen mnémotechnique parmi d'autres :
Le corbeau cRoasse en l'R, 
la grenouille cOasse dans l'O.
Un peu foireux, mais ça marche !

Bébé

Bébé. Mot de la langue française d'une douceur et d'une simplicité telles que peu de gens se posent la question de son origine...
Si d'aucuns avancent l'argument selon lequel il s'agirait de la francisation du mot anglais "baby", je pencherais personnellement plutôt pour ce qui suit :
Bébé est à l'origine un surnom. Celui que le roi Stanislas Leszczyński donna à un enfant nain qu'il avait recueilli et dont le vrai nom était Nicolas Ferry, né en 1741.
Le terme n'est apparu dans la langue française qu'au XXe siècle. Avant, on disait "nouveau-né", "nourrisson", ou encore "enfançon".

Et pour compléter ce petit article, allez donc jeter un œil sur cette page :
http://www.lepoint.fr/culture/video-les-incroyables-tresors-de-l-histoire-le-squelette-du-nain-bebe-08-01-2014-1777953_3.php#xtor=CS1-31

Drôles de définitions (3)

Eh oui, c'est dimanche et je vais vous servir ce que vous attendez tous avec impatience depuis une semaine : une petite série de définitions plus ou moins capillotractées !

Pruneau
Synonyme de personne âgée, qui est ridée et qui fait ch**.

Aides internationales
Aides payées par les pauvres des pays riches pour aider les riches des pays pauvres.

68 km/h
Limite de vitesse pour faire l'amour, car à 69 on part en tête à queue.

Pharmacie
Confiserie pour vieux.

Mozart
Célèbre compositeur que l'on écoute le plus souvent dans les pizzerias car on sent bien que mozzarella.

Jardiland
Seul endroit, où si tu prends trois râteaux tu as une pelle offerte.

Blonde
Concept pour faire croire que les autres femmes sont intelligentes.

Meurtre de sang-froid
Ice crime.

Sentiments partagés
Quand votre belle-mère est en train de reculer dans le ravin avec votre voiture toute neuve.

Archipel
Outil pour creuser des archi trous.

Bon dimanche !

Le cor

Aujourd'hui, je vous propose un magnifique (mais très long !) poème d'Alfred de Vigny, dont vous connaissez tous au moins le premier vers.
À apprendre ce soir, au coin du feu, en famille (et ça donnera en outre l'occasion de parler un peu de Charlemagne et de Roland). De toute façon, il n'y a rien d'intéressant à la télé.


Le cor

I

J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l'ombre à minuit demeuré,
J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.

Ô montagnes d'azur ! ô pays adoré !
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
Cascades qui tombez des neiges entraînées,
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;

Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons !
C'est là qu'il faut s'asseoir, c'est là qu'il faut entendre
Les airs lointains d'un Cor mélancolique et tendre.

Souvent un voyageur, lorsque l'air est sans bruit,
De cette voix d'airain fait retentir la nuit ;
À ses chants cadencés autour de lui se mêle
L'harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend immobile au sommet du rocher,
Et la cascade unit, dans une chute immense,
Son éternelle plainte au chant de la romance.
Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor ?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée !

II

Tous les preux étaient morts, mais aucun n'avait fui.
Il reste seul debout, Olivier près de lui,
L'Afrique sur les monts l'entoure et tremble encore.
"Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ;

"Tous tes Pairs sont couchés dans les eaux des torrents."
Il rugit comme un tigre, et dit : "Si je me rends,
"Africain, ce sera lorsque les Pyrénées
"Sur l'onde avec leurs corps rouleront entraînées."

"Rends-toi donc, répond-il, ou meurs, car les voilà."
Et du plus haut des monts un grand rocher roula.
Il bondit, il roula jusqu'au fond de l'abîme,
Et de ses pins, dans l'onde, il vint briser la cime.

"Merci, cria Roland, tu m'as fait un chemin."
Et jusqu'au pied des monts le roulant d'une main,
Sur le roc affermi comme un géant s'élance,
Et, prête à fuir, l'armée à ce seul pas balance.

III

Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux
Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.
À l'horizon déjà, par leurs eaux signalées,
De Luz et d'Argelès se montraient les vallées.

L'armée applaudissait. Le luth du troubadour
S'accordait pour chanter les saules de l'Adour ;
Le vin français coulait dans la coupe étrangère ;
Le soldat, en riant, parlait à la bergère.

Roland gardait les monts ; tous passaient sans effroi.
Assis nonchalamment sur un noir palefroi
Qui marchait revêtu de housses violettes,
Turpin disait, tenant les saintes amulettes :

"Sire, on voit dans le ciel des nuages de feu ;
"Suspendez votre marche ; il ne faut tenter Dieu.
"Par monsieur Saint Denis, certes ce sont des âmes
"Qui passent dans les airs sur ces vapeurs de flammes.

"Deux éclairs ont relui, puis deux autres encor."
Ici l'on entendit le son lointain du Cor.
L'Empereur étonné, se jetant en arrière,
Suspend du destrier la marche aventurière.

"Entendez-vous ! dit-il. - Oui, ce sont des pasteurs
"Rappelant les troupeaux épars sur les hauteurs,
"Répondit l'archevêque, ou la voix étouffée
"Du nain vert Obéron qui parle avec sa Fée."

Et l'Empereur poursuit ; mais son front soucieux
Est plus sombre et plus noir que l'orage des cieux.
Il craint la trahison, et, tandis qu'il y songe,
Le Cor éclate et meurt, renaît et se prolonge.
"Malheur ! c'est mon neveu ! malheur! car si Roland
"Appelle à son secours, ce doit être en mourant.
"Arrière, chevaliers, repassons la montagne !
"Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l'Espagne !

IV

Sur le plus haut des monts s'arrêtent les chevaux ;
L'écume les blanchit ; sous leurs pieds, Roncevaux
Des feux mourants du jour à peine se colore.
À l'horizon lointain fuit l'étendard du More.

"Turpin, n'as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
"J'y vois deux chevaliers : l'un mort, l'autre expirant
"Tous deux sont écrasés sous une roche noire ;
"Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d'ivoire,
"Son âme en s'exhalant nous appela deux fois."

Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois !

Zeugma

Non, ce n'est pas du verlan.
Le zeugma (ou zeugme, ou attelage) est une figure de style qui consiste à lier par la syntaxe deux mots ou groupes de mots qui sont incompatibles de par leur sens ou leur nature.
Rien ne vaut un exemple pour comprendre ce qu'est un zeugma :

Il a posé une question et son chapeau => "poser une question" et "poser un chapeau" utilisent le même verbe... Mais pas vraiment selon le même sens.

Utilisé en littérature pour donner un sens amusant à certaines phrases, il est le plus souvent involontaire et constitue une faute syntaxique.

À son lit de mort, l'homme songe plutôt à élever son âme que des lapins. (Louis Auguste Commerson) 
Vêtu de probité candide et de lin blanc. (Victor Hugo)
Et tu me dis bonsoir à l'oreille
En trébuchant
Sur tes deux ans
Et ton pyjama 
(Denise Jallais)


Le gîte et le couvert

Et le pléonasme de la semaine est... le gîte et le couvert.
Ça y est, le scribouillard est tombé sur la tête, ou il a fumé la moquette !
Mais je persiste et signe : l'expression "offrir le gîte et le couvert" est pléonastique.
Et donc, je m'explique.
Le couvert, ici, désigne le toit, et non la fourchette et le couteau (voire la petite cuillère). Ah. Alors là, forcément, ça change tout. Car, du coup, ça fait beaucoup de toits dans une même expression, le gîte désignant un lieu où l'on trouve à se loger...
Si on creuse un peu, on se rend compte que "le gîte et le couvert" est une déformation malheureuse de l'expression "offrir le vivre et le couvert". Tout s'explique.
J'en ai vu quelques-uns prendre des notes pour pouvoir replacer ça à la pause café... À la bonne heure !

Daniel Balavoine

Le 14 janvier 1986, Daniel Balavoine trouvait la mort dans un accident d'hélicoptère. Il a écrit de nombreuses chansons dont les paroles ne laissent pas indifférent, qu'on aime ou pas. De la même manière, on peut ne pas apprécier le personnage qu'il fut. Il n'en demeure pas moins vrai qu'il fut un homme de convictions et un vrai poète de la langue française. Permettez-moi donc de vous proposer un de ses nombreux textes, en ce jour anniversaire...


Petit homme mort au combat

Étendu
Noyé de poussière
Un enfant fixe le néant
Le front humide entouré d´un turban
Qui dit que Dieu est grand

Dans son dos
Mouillé de sueur
On peut voir qu'il n'a pas eu le temps
De comprendre d'où venait la douleur
Qui brise ses tympans

Petit homme mort au combat
Qui a pu guider ses pas
Ivre de prières
Rythmées par le glas

Petit homme mort au combat
Quel Dieu a pu vouloir ça
Qui peut être fier
De tant de dégâts

Et en moi
L'étau se resserre
Quand je vois défiler ces enfants
Aveuglés par des hommes aux vœux pervers
Aux hymnes délirants
Au delà de toutes frontières
Il faut dire à tout esprit naissant
Qu'aucune cause ne vaudra jamais
La mort d'un innocent

Petit homme mort au combat
Qui a pu guider ses pas
Ivre de prières
Rythmées par le glas

Devant ces feux
De haine
De terre
De sang
J'espère un peu quand même
Oh,
Que l'homme comprenne que l´enfant ne sait pas à quoi il consent

Petit homme mort au combat
Qui a pu guider ses pas
Ivre de prières
Rythmées par le glas

Petit homme mort au combat
Quel Dieu a pu vouloir ça
Qui peut être fier
De tant de dégâts




Vouer aux gémonies

D'où vient l'expression "vouer aux gémonies", synonyme d'accabler quelqu'un, lui faire de violents reproches ou l'humilier publiquement ?

Les gémonies sont le nom donné au gigantesque escalier reliant le Capitole au Forum, dans Rome, le fameux "scalae gemoniae", "l'escalier des gémissements".
C'est sur les marches de cet escalier qu'étaient exposés, aux yeux de tous, les corps suppliciés des condamnés. En principe, ils étaient mis là après exécution, mais il semblerait que parfois, des gémissements s'échappaient encore de ces prétendus cadavres livrés à la haine de la population qui se défoulait sur eux. D'où le nom donné à cet escalier...
D'aucuns penseront, et pas vraiment à tort, que les gémonies du XXIe siècle s'appellent Facebook, Twitter, ou tout autre réseau dit "social". On rapprochera aussi l'expression du désormais fameux (mais vraiment pas beau) "bashing".

Dernière petite remarque : "gémonies" est toujours au pluriel.

Drôles de définitions (2)

Aujourd'hui c'est dimanche et on va donc éviter de trop se prendre au sérieux.
Raison pour laquelle je vous propose cette deuxième série de définitions drôles, plus ou moins réussies...

Je suis encore enceinte
L'imparfait du préservatif.

Ingrid Betancourt
Femme qui ne comprenait rien à l'école.

Le ton monte
Façon familière de dire qu'une moche prend l'ascenseur.

Suppositoire
Invention qui restera dans les annales.

Je me suis fait un bleu
Expression couramment utilisée par Zahia.

Oui chérie
Gain de temps ou pour être tranquille.

Soutien-gorge
Synonyme de Flanby. Tu tires la languette et tout tombe.

Les "ex"
C'est comme la prison, si tu y retournes c'est que tu n'as pas compris la leçon.

Où est donc mon Ricard ?
Conjonction de coordination

La beauté intérieure
Concept inventé par les moches pour pouvoir se reproduire.

Bon dimanche !

Demain dès l'aube

Samedi rime avec poésie... Les habitués du blog le savent.
Cette semaine je vous propose de redécouvrir ce texte de Victor Hugo, qui fait partie des "classiques" des récitations d'antan (je ne suis pas certain qu'il soit toujours proposé à nos chères têtes blondes).



Demain dès l'aube 
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. 
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. 
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. 
Victor Hugo, Les Contemplations

-guable ou -gable ?

Aujourd'hui, on va la faire courte, très courte même car on est vendredi :

DISTINGUABLE est le seul adjectif de la langue française
à s'écrire "-guable" et non "-gable".

Bon week-end !

Citation de Paul Valéry


Je m’abandonne à l’adorable allure : lire, vivre où mènent les mots.
Paul Valéry


S'entraider mutuellement

S'entraider mutuellement (variante : l'entraide mutuelle) est un pléonasme qui, malheureusement, sonne trop bien pour être honnête.

Rappelons simplement que l'entraide est une aide que l'on se porte mutuellement.

Tout est dit, là, non ?
Et pourtant...
Le GEM, vous connaissez ? Oui, c'est ça : le Groupe d'Entraide Mutuelle.

Ce pléonasme sonne vraiment trop bien, vous disais-je !

Ne pas confondre : cote, côte et cotte

Il y a cote, côte et cotte.
Tiens, encore une histoire de chapeau !

La côte sort avec son chapeau lorsqu'il s'agit des os de la cage thoracique, du versant d'une colline qui suit une pente, ou encore de la zone de contact entre terre et mer, pour les sens les plus couramment rencontrés.

Cote laisse son chapeau au vestiaire lorsqu'il s'agit des cours d'une marchandise ou d'une valeur boursière quelconque, de la mesure de popularité d'une personne, en général de toute estimation de valeur, ou encore d'un symbole servant à l'identification et au classement d'un document, là encore pour les sens les plus couramment rencontrés.

Reste la cotte : c'était la tunique portée autrefois par les hommes ou les femmes. Vous connaissez tous la cotte de mailles. Aujourd'hui, la cotte désigne la salopette de travail, généralement en tissu bleu.

Ainsi, pour protéger ses côtes, le souverain, qui avait la cote auprès de ces dames, revêtait sa cotte de mailles avant d'aller combattre sur les côtes de son royaume.

Sabler ou sabrer le champagne

Les agapes des fêtes de fin d'année sont passées. À l'occasion, vous avez probablement ouvert une bouteille de champagne. Peut-être même que vous l'avez sabrée. Ou sablée.
Personnellement, je l'ai souvent sabrée dans ma jeunesse (chic à Cyr !). Et il y a longtemps que je n'ai pas refait ce geste qui consiste à "décapiter" la bouteille à l'aide d'un sabre !
Bref, il existe une différence de sens entre sabrer et sabler, que je vous invite à découvrir ici :
À lire sans modération !

Vive le roi !

Aujourd'hui c'est dimanche, alors je ne vais pas vous ennuyer avec je ne sais quelle règle d'orthographe ou figure de style.
Et, cerise sur la galette (frangipane ou pomme ? Moi, je les aime toutes !), c'est le jour de l'Épiphanie. Pour celles et ceux qui auraient oublié l'origine et la raison d'être de cette tradition, je vous renvoie vers cet article.
Nous allons donc tirer les rois. Non, monsieur, pas les reines. D'abord, ça ne fait pas très sérieux de le dire ainsi. Ensuite, à ma connaissance, il y a bien eu des rois mages, mais pas de reines mages. On évitera donc de crier bêtement au sexisme (mais il va bien y en avoir pour le faire, je parierais bien une fève en or massif sur ce coup !). Il ne s'agit pas non plus de la manifestation déguisée d'une quelconque nostalgie royaliste d'un autre âge. On peut bien vivre en république (laïque qui plus est) et fêter les rois. Et faisons-le tant que quelque tyran de la bien-pensance ne vient pas nous montrer du doigt et nous vouer aux gémonies, sous prétexte qu'il s'agit là d'une tradition héritée du christianisme...
Bon dimanche à tous. Sans exception.

Petit hommage à Albert Camus

Ma patrie, c'est la langue française.

Albert CAMUS (7 nov. 1913 - 4 janv. 1960)

Il y a des mots


Il y a des mots, c'est pour les dire,
C'est pour les faire frire,
C'est pour rire.

Il y a des mots, c'est pour les chanter,
C'est pour les rêver,
C'est pour les manger.

Il y a des mots que l'on ramasse,
Des mots qui passent,
Des mots qui cassent.
Il y a des mots pour le matin,
Des mots métropolitains,
Ou plus lointains.

Il y a des mots épais et noirs,
Des mots légers pour les histoires,
Des mots à boire.

Il y a des mots pour toutes les choses,
Pour les lèvres, pour les roses,
Des mots pour les métamorphoses,
Si l'on ose...

Georges Jean

On ou l'on ?

Doit on écrire on ou l'on ? Encore une question existentielle !

Simple, vont me répondre certains : le l' est ici une consonne aphonique.
Oui... Et non. Il s'agit en fait de l'article défini.
Et comment se fait-ce ? J'y viens.
On est à l’origine un nom commun, de même origine que homme. Donc, l'on était synonyme de l'homme (ça va rappeler quelque chose aux germanistes). Au fil du temps, le nom on s’est transformé en pronom indéfini, désignant un individu non déterminé, et son article défini (l') est devenu facultatif (à partir de XVIIe siècle).
Aujourd’hui, cette survivance de l’ancien français ne joue plus qu'un rôle euphonique.
Développons.

On préfèrera l’on à on :
- Afin d’éviter un hiatus (suite de deux voyelles phonétiques). Le cas se présente notamment après et, ou, où, qui, quoi, si.
- Après que, pour éviter le disgrâcieux "qu’on".

On privilégiera on à l’on :
- Quand on est suivi d’un mot commençant par un l, pour éviter une allitération, et ce même s'il y a hiatus.
Ex : La bibliothèque est un endroit où l'on lit beaucoup (allitération "l'on lit") / La bibliothèque est un endroit où on lit beaucoup (hiatus "où on")
- Après dontdont on est préférable à dont l’on.

J'ajoute que ces règles n'ont aucun caractère obligatoire, et sont d'ailleurs plus ou moins respectées. Tout est affaire d'élégance et de style...

Dictons de janvier

Quelques dictons pour le mois de janvier...
  • Mieux vaut chien enragé que chaud soleil en janvier.
  • Gelée en janvier, blé au grenier.
  • Les douze jours qui vont de Noël aux Rois, donnent le temps des douze mois.
  • Le vent du jour de l'an souffle moitié de l'an.
  • Janvier ne veut pas voir pisser un rat.
  • Au mois de janvier, il vaut mieux voir le loup dans les champs qu'un homme en chemise.
  • Garde-toi du printemps de janvier.
  • Un mois de janvier sans gelée n'amène jamais une bonne année.
  • Dieu te garde d'un bon janvier.
  • Janvier amasse les souches, février les brûle toutes.
  • Janvier frileux gèle la merlesse sur les oeufs.
  • L'or du soleil en janvier est or que l'on ne doit envier.