Lettre d'adieu d'Henri Fertet

8 mai. Jour de commémoration de la Victoire. Jour de souvenir. Jour d'hommage à tous ceux qui contribuèrent à la libération de notre beau pays et à la fin de cette guerre.
J'ai pensé que ce blog était le bon endroit pour rendre, à ma façon, hommage aux 1038 Compagnons de la Libération, en publiant cette lettre d'adieu d'Henri Fertet, fusillé le 26 septembre 1943 à l'âge de 16 ans.
Il fut fait Compagnon de la Libération à titre posthume en 1945.
Il a écrit cette lettre bouleversante de simplicité et de grandeur quelques instants avant son exécution.


Besançon, prison de la Butte (Doubs)
26 septembre 1943

Chers parents,
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vu si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, [ce] que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir sur moi votre tendre sollicitude que de loin, pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez douter de ce que je vous aime aujourd’hui, car avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être, après la guerre, un camarade parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué ; j’espère qu’il ne faillira point à cette mission désormais sacrée.
Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement mes plus proches parents et amis, dites-leur toute ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et cousins, Henriette. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur1 du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. À ce propos, Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jacquin, mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez le “Comte de Monte-Cristo” à Emeurgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice Andrey de La Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.
Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon cher Papa, mes collections à ma chère maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.
Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.
Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.
Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout et je chanterai “Sambre et Meuse” parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a appris.
Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur les “trois petits nègres”, il en reste un. Il doit réussir.
Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille.
Papa, je t’en supplie, prie, songe que si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les quatre, bientôt au ciel. Qu’est-ce que cent ans ?
Maman rappelle-toi :
“Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs Qui, après leur mort, auront des successeurs.”
Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir.
Mille baisers. Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans.
H. Fertet.

Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire.

Expéditeur : Monsieur Henri Fertet, Au ciel, près de Dieu.

Accentuation des majuscules


(Article déjà publié en février 2013. Méritait donc un petit rafraîchissement !)


Cela va sans dire, et pourtant... Force est de constater que la majuscule accentuée est en voie de disparition. Or l'accent a pleine valeur orthographique dans la langue française. Anglicisation sournoise ou flemme généralisée ?

Petit (non, grand !) retour en arrière : école primaire, années 60-70. À une époque de la vie où l'on prend, ou pas, le virage de l'orthographe et de la lecture. Je me souviens bien de cet apprentissage un peu particulier qui consistait à calligraphier les lettres majuscules... et à les accentuer lorsque cela s'imposait. Ce n'est que bien plus tard que, par souci de rapidité d'écriture (la prise de notes et la calligraphie n'ont jamais fait bon ménage), les majuscules "d'imprimerie" se sont généralisées.

Soit, mais de là à escamoter l'accent sur le A qui débute une phrase, par exemple... Personnellement, je me force à le mettre. Et vous ? Bref, il y a une autre raison pour expliquer, à mon humble avis, ce qui reste une faute d'orthographe.

Un petit coup d'œil à nos chers claviers d'ordinateurs. Regardez. Avez-vous trouvé le "À" ? Et le "É" ? Non. Si vous êtes soucieux d'accentuer vos majuscules, il va falloir faire un petit effort pour afficher un "À" à l'écran. À moins de disposer d'un MAC (non, non, pas de pub déguisée ici ! Je travaille indifféremment avec un PC ou un MAC, et je peux donc en parler en toute connaissance de cause), dont le clavier permet d'accentuer très facilement les majuscules.

Voici donc le coupable ! Le clavier de nos PC, issu du monde anglo-saxon, ne fait vraiment pas la part belle aux majuscules accentuées de la langue française. Mais est-ce le seul responsable ?

Honnêtement, hormis pour les personnes qui sont amenées à respecter scrupuleusement les règles de l'orthographe et qui maîtrisent, de ce fait, les raccourcis clavier (si le dit clavier ne permet pas de taper directement la lettre souhaitée), pour le commun des mortels, en revanche, taper un "A" en lieu et place du "À" ne porte pas plus à conséquence que cela. D'ailleurs, il suffit de prendre le premier journal ou magazine venu pour se rendre compte que cette "flemme" est très largement répandue !

Combat d'arrière-garde ? Je ne crois pas. Et défendre la majuscule accentuée, c'est aussi défendre notre chère langue.


Bonne année 2025


À vous tous qui venez, souvent ou de temps en temps, sur ce blog,
à vos proches, vos amis et tous ceux qui comptent pour vous,
je présente mes vœux les plus chaleureux de bonheur, de bonne santé et de réussite.

Bonne année 2025 !