La mémoire se perd ; mais l'écriture demeure.
Proverbe oriental
J'aime beaucoup ce petit proverbe.
Oui, la mémoire se perd. Je ne veux pas parler ici des aspects cliniques du phénomène. Non. Seulement de son aspect sociétal.
La tradition de la transmission orale de l'histoire de la communauté (par exemple : la famille, au sens plus ou moins large du terme) a quasiment disparu de notre société moderne. Cette disparition a été amplifiée par l'éclatement du noyau familial, une plus grande mobilité sociale et professionnelle, et probablement les effets collatéraux de l'avènement de la télévision et d'Internet. J'ai le souvenir que, petit garçon, je buvais les paroles de ma grand-mère qui était capable de parler pendant des heures des histoires de notre famille. Aujourd'hui, près d'un demi-siècle plus tard, je réalise avec inquiétude que toutes ces connaissances ont disparu avec elle. Il n'est venu à personne l'idée de prendre des notes, d'enregistrer d'une manière ou d'une autre les souvenirs d'une femme qui appartenait à une génération qui, depuis, s'est complètement éteinte ou presque.
Pourquoi ?
Je pense que nous n'avons pas vraiment mesuré l'ampleur du phénomène. Nous, c'est-à-dire principalement la génération des années 50-60, celle qui a réellement vécu les transformations profondes et rapides des modes de vie durant la deuxième partie du XXe siècle. Il est encore temps pour nous de recueillir les souvenirs de nos proches (parents, oncles et tantes,...). Recueillir ce que nous ne trouverons jamais sur Facebook ni ailleurs.
Pour en faire quoi ?
Vous me voyez venir, avec mes gros sabots ? Il est vrai qu'un écrivain public saura remettre en forme tous ces souvenirs et ces témoignages... Et les recueillir même, avant de les écrire.
Encore faut-il avoir la volonté et le courage de faire ce travail de mémoire. Et c'est à nous d'inciter, d'encourager nos anciens à témoigner sur leur vie passée, héritage dont la valeur est inestimable.
Car l'écriture demeure.