Poisson d'avril

Pas de poisson dans ce billet consacré au poisson d'avril. Enfin, je ne crois pas...

Je ne vais pas vous faire un cours sur les origines éventuelles de cette tradition qui a le mérite, au moins, d'égayer ce premier jour d'avril. Tous, ou presque, allez guetter le canular, traquer l'info fantaisiste, passer de temps en temps votre main dans le dos, au cas où... Vous serez plus attentifs que jamais à ce que vous raconteront vos amis, collègues, proches... Et pour certains d'entre vous, ce sera la seule fois dans l'année. Tenez, il y a un an de cela, vous aviez entre les mains les programmes des divers candidats à l'élection présidentielle. Tous des poissons d'avril avant ou après l'heure ! La loi électorale devrait d'ailleurs obliger les candidats à distribuer leur profession de foi le 1er avril : les gens les liraient forcément d'un oeil plus attentif... Et y trouveraient inévitablement beaucoup de poissons. Pas très frais certes, et nettement moins drôles que ceux que vous découvrirez aujourd'hui.

Bref, si vous voulez en savoir plus sur cette tradition, vous pouvez toujours vous rabattre vers l'article de Wikipédia (à prendre avec des pincettes, donc). Vous pourrez également retrouver une liste, assez exhaustive, des poissons d'avril les plus marquants de ces cinquante dernières années, et ce toujours sur Wikipédia.

Pour finir ce billet sur une note plus littéraire, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer un autre lien, qui vous permettra d'écouter (gratuitement) trois poissons d'avril d'Alphonse ALLAIS, qui ne manquait jamais ce rendez-vous annuel !

Cerise sur le poisson, ce texte de Mallarmé :

Boutades 11, Poisson d'Avril
(écrit des dames de Nevers à Dadé)

À Dadé

Te souviens-tu de ce doux soir
Sans lune?
Tu disais, baisant mon oeil noir:
"Ma brune,

"Ton haleine est un doux parfum !
"Je t'aime !
"Sur tes charmes je ferais un 
"Poème !"

Je contemplais ton col vermeil
Beau cygne !
Et ta flamme dont le soleil
N'est digne !

Je voyais tes ris gracieux,
Heureuse !
Je songeais aux anges, aux cieux
Rêveuse !

Ah! son amour est-il d'airain ?
Pensais-je.
Et dormirai-je sur son sein
De neige ?

Posant tes lèvres sur mon coeur
En flamme,
Inonderas-tu de bonheur
Mon âme ?

- Le soir avant de reposer
Je pleure
Pensant que peut-être un baiser
T'effleure !

Un baiser qui n'est pas de moi
Oh ! vite
Assure à mon coeur qu'il est roi !
Médite,

Oh ! médite un soir de printemps
Bien sombre !
Un soir qui prête à deux amants
Son ombre !

Pour puiser joyeuse à ton sein
L'ivresse !
Pour qu'encor sur ton coeur ta main
Me presse !

1er avril 1959