Brise marine

Samedi, c'est récitation !
Voici un texte de Stéphane MALLARMÉ dont vous connaissez très certainement le premier vers.
Une invitation au voyage (et à l'inspiration) en ce début de vacances estivales... Bon week-end à tous !


Brise Marine

La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres 
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux ! 
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux 
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe 
Ô nuits! ni la clarté déserte de ma lampe 
Sur le vide papier que la blancheur défend 
Et ni la jeune femme allaitant son enfant. 
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture, 
Lève l'ancre pour une exotique nature ! 
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs, 
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs ! 
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages 
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages 
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots... 
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!