Dictons de décembre


  • Décembre trop beau, été dans l'eau. 
  • En décembre, pour que l'année aille comme il se doit, il convient que les champs s'enneigent par deux fois.
  • Gelée blanche au décours, signe de pluie sous trois jours.
  • Neige avant Noël, fumier pour le seigle.
  • Un mois avant et après Noël l'hiver se montre plus cruel.
  • Vert Noël, blanches Pâques.
  • Quand secs sont les Avents, abondant sera l'an.
  • Décembre aux pieds blancs s'en vient : an de neige est an de bien.
  • Si décembre est sous la neige, la récolte elle protège.
  • Noël au balcon, Pâques au tison.
  • En décembre, fait du bois et endors-toi.
  • En décembre, journée courte, longue nuit ; l'abeille se tait, le jonc gémit.


11 Novembre

 

L'inoubliable

11 novembre 1918

C'est l'heure. Un lourd silence étalé sur la plaine. 
Des hommes dans un trou attendent, l'arme au poing. 
L'armistice, la fin ? — Ces gars y croient à peine, 
L'avenir et la paix leur paraissent trop loin.

On ne se battrait plus ? Quatre longues années 
Peuvent-elles finir en un jour, sans effort ? 
La guerre écrase encor leur vie emprisonnée 
Quand le destin fait grâce et repousse la mort.

Mais des clairons là-bas sonnent... c'est la retraite ! 
Des cloches ?... c'est le bourg à peine délivré. 
Une angoisse inconnue fait se courber les têtes, 
Les cœurs sont trop petits pour cet instant sacré.

Des larmes ont brillé sous toutes les paupières, 
La joie et la douleur se tiennent par la main. 
Ces larmes, je le jure, ont été les premières,
Et coulaient du désir dont l'esprit était plein.

Tu te croyais un homme et voilà que tu pleures, 
Lazare inconscient tiré d'entre les morts. 
Cette heure soit bénie entre toutes les heures 
Qui a brisé la guerre et vu frémir les forts.

Sais-tu, clairon, ce que tu sonnes ? C'est la vie,
C'est l'espoir éveillant la triste humanité. 
Frères, embrassez-vous, car la guerre est finie, 
Paix sur la terre à ceux de bonne volonté.

Avant de dépouiller la défroque de guerre, 
Nous irons vers nos morts semés comme le grain,
Nos copains de douleur, nos compagnons, nos frères,
Les pas chançards qui sont partis avant la fin.

Il ne faut pas surtout ceux-là qu'on les oublie : 
Tous, les gens de l'arrière et les gens de l'avant,
Faites place en vous-même à ces pâles hosties, 
Ce sera toujours peu que d'y songer souvent.

Nous ? qu'importe ! Qui s'occupera de nous autres,
Ces gibiers à canon que leur chance a sauvés ? 
Dans le monde oublieux de ses anciens apôtres 
Nous reprendrons sans bruit l'ouvrage inachevé.

La vie sera pour nous, peut-être, tutélaire. 
Nous n'en voulons qu'un peu de douceur et d'amour. 
Après avoir donné la justice à la terre, 
Nous la voulons à notre tour.

L'adversité sur nous trouvera moins de prise ; 
Nous serons patients, forts de l'avoir été ; 
Nous haïrons les sots, les mufles, la bêtise ; 
Nous haïrons surtout la guerre, sans pitié.

Mais, vieillis avant l'âge, une épaisse fatigue 
Nous posera longtemps sa griffe sur les reins. 
Puisse notre énergie depuis qu'on la prodigue 
Avoir assez d'élan pour nous remettre en train.

Car ce serait, mon Dieu, une peine infinie 
Que d'avoir tout donné sans avoir retenu 
Un peu de cette ardeur nécessaire à la vie 
Et de se sentir lâche auprès de l'inconnu.

Sonne, clairon, ce qui finit, ce qui commence ; 
Leur pensée rend pareils les vainqueurs aux vaincus. 
Clairon, sonne et tais-toi. Jusqu'à cette heure immense 
Nous voulons oublier que nous avons vécu.

Et demain, grâce au temps colporteur d'espérance, 
Nous n'aurons plus — si nous savons devenir vieux — 
Qu'un souvenir confus de la grande souffrance, 
Ce qui reste au matin d'un rêve ténébreux.

Henry-Jacques, La symphonie héroïque, Les Belles Lettres, 1921


Dictons du mois d'août

Quelques dictons du mois d'août... Il y en a d'autres, évidemment. Si vous en appréciez certains, n'hésitez pas à les poster en commentaires de ce billet...


  • Temps trop beau en août, annonce hiver en courroux. 
  • Coupe ton bois en pleine lune d'août, il sera sain comme un os.
  • Quand août n'est pas pluvieux, septembre est souvent radieux. 
  • Quand l' août est bon, l'abondance à la maison. 
  • Tonnerre d'août, grosses grappes et bon moût.
  • Pluie des premiers jours d'août, peu de regain en tout.
  • Arc-en-ciel d'août vers la nuit, pluie et vent pour minuit.
  • A la mi-août, l'hiver se noue.
  • Soleil rouge en août, c'est de la pluie partout.
  • Jamais d'août la sécheresse n'amènera la richesse.
  • Les nuits d'août trompent les sages et les fous.
  • Les poulets du mois d'août n'ont jamais le derrière clos.


Ne pas confondre : foi, foie et fois

Dans la série "pourquoi l'orthographe du français est-elle si compliquée et souvent illogique", je vous présente le trio infernal foi, foie et fois. Amis francophones et francophiles, accrochez-vous : car, ma foi, il y a des fois ou ça vous fiche les foies !
Regardons de plus près ces trois mots piégeux à souhait :
- La foi (la foi religieuse, par exemple) est un mot féminin... Mais il ne prend pas de e final. Bien.
- Le foie (le foie gras, par exemple) est un mot masculin... Mais il prend un e final ! Ah.
- Fois (Il était une fois...) est un mot féminin... Mais qui ne prend pas de e final et s'écrit toujours, en outre, avec un s. Fichtre !
Comment voulez-vous, dans ce genre de situation, vous y retrouver ?
Peut-être, justement, en gardant à l'esprit les remarques ci-dessus.
Et si, à l'issue du réveillon de Noël, vous écrivez que vous avez eu une crise de foie, cela n'aura pas tout à fait le même sens que d'affirmer que vous avez eu une crise de foi...

Ah, j'allais oublier :
Foix est une ville, pas le pluriel de foi. Et ses habitants sont les Fuxéen(ne)s. Enfin, et je conclurai opportunément mon billet là-dessus, vous connaissez forcément la comptine suivante :

Il était une fois
Une marchande de foie
Qui vendait du foie
Dans la ville de Foix

Elle se dit ma foi
C'est la première fois
Et la dernière fois
Que je vends du foie
Dans la ville de Foix

À apprendre par cœur par celles et ceux qui sont fâchés avec l'orthographe de ces homophones.


La langue française vue par Samuel Taylor Coleridge

 

Le français est peut-être le langage le plus limpide et le plus précis du monde.

Samuel Taylor COLERIDGE (1772-1834)

Citation de Jean GIONO

Jean Giono
Lire au lit, dans le silence, la paix, la chaleur et la lumière la mieux adaptée est un des plus grands plaisirs de la terre.

Jean GIONO (1895-1970)

Bonne année 2022

Bonne année à toutes les choses,

Au monde, à la mer, aux forêts.

Bonne année à toutes les roses

Que l’hiver prépare en secret. 

Bonne année à tous ceux qui m’aiment

Et qui m’entendent ici-bas.

Et bonne année aussi, quand même,

À tous ceux qui ne m’aiment pas. 

Rosemonde Gérard (1871-1953)