Heureux ceux qui sont morts

En ce jour anniversaire de sa mort, voici un texte de Charles PÉGUY (1873-1914), devenu un chant dans les années 70 (Saint-Cyr) et extrait d'un poème immense, tant par sa taille que par sa beauté, appelé Ève (1913) :

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles.

Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.

Car elles sont l’image et le commencement
Et le corps et l’essai de la maison de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet embrassement,
Dans l’étreinte d’honneur et le terrestre aveu.

Car cet aveu d’honneur est le commencement
Et le premier essai d’un éternel aveu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet écrasement,
Dans l’accomplissement de ce terrestre vœu.

Car ce vœu de la terre est le commencement
Et le premier essai d’une fidélité.
Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement
Et cette obéissance et cette humilité.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.

Écouter le chant

Ordonnance de Villers-Cotterêts

Vous avez probablement déjà entendu parler de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François 1er le 18 août 1539 (enregistrée au Parlement de Paris le 6 septembre de la même année).
Si je lui consacre un billet aujourd'hui, c'est tout simplement parce que ce document marque, selon les historiens, les débuts officiels de notre belle langue. Je vous ai donc reproduit, ci-dessous, les deux articles-clés de cette ordonnance. 
Comme vous pourrez le lire dans cet article fort bien documenté de Wikipédia, le français devint définitivement obligatoire pour tous les actes administratifs par le décret du 2 thermidor An II (20 juillet 1794). 

art. 110. Que les arretz soient clers et entendibles Et afin qu'il n'y ayt cause de doubter sur l'intelligence desdictz arretz. Nous voulons et ordonnons qu'ilz soient faictz et escriptz si clerement qu'il n'y ayt ne puisse avoir aulcune ambiguite ou incertitude, ne lieu a en demander interpretacion.
(Que les arrêts soient clairs et compréhensibles, et afin qu'il n'y ait pas de raison de douter sur le sens de ces arrêts, nous voulons et ordonnons qu'ils soient faits et écrits si clairement qu'il ne puisse y avoir aucune ambiguïté ou incertitude, ni de raison d'en demander une explication)

art. 111. De prononcer et expedier tous actes en langaige françoys Et pour ce que telles choses sont souventesfoys advenues sur l'intelligence des motz latins contenuz es dictz arretz. Nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes aultres procedeures, soient de nous cours souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes, contractz, commisions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage maternel francoys et non aultrement.
(De dire et faire tous les actes en langue française Et parce que de telles choses sont arrivées très souvent, à propos de la [mauvaise] compréhension des mots latins utilisés dans lesdits arrêts, nous voulons que dorénavant tous les arrêts ainsi que toutes autres procédures, que ce soit de nos cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, ou que ce soit sur les registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments et tous les autres actes et exploits de justice qui en dépendent, soient prononcés, publiés et notifiés aux parties en langue maternelle française, et pas autrement)

La France vue par un anonyme américain

Ce qui suit est un extrait de commentaire posté sur le site du New York Times, le 14 novembre 2015, suite à un article du journal relatant les attentats de Paris du 13 novembre. Ce texte a été massivement repris sur les réseaux sociaux et a refait surface après l'attentat de Nice du 14 juillet dernier...

La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent : la jouissance de la vie ici, sur terre, d'une multitude de manières : une tasse de café qui sent bon, accompagnée d'un croissant, un matin ; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue ; l'odeur du pain chaud ; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas s'inquiéter des calories, de flirter et de fumer, de faire l'amour hors mariage, de prendre des vacances, de lire n'importe quel livre, d'aller à l'école gratuitement, de jouer, de rire, de débattre, de se moquer des prélats comme des hommes et des femmes politiques, de remettre les angoisses à plus tard : après la mort. Aucun pays ne profite aussi bien de la vie sur terre que la France.

Citation d'Abdennour Bidar

Mon cher Islam, je suis un de tes fils né et grandi en France. La France, ma mère. Peux-tu comprendre ce qu'est la France pour moi ? Je lui dis merci, je pleure de gratitude et d'amour envers elle parce que c'est elle qui m'a permis de réfléchir au malheur de mes deux pères : toi l'Islam, et l'Occident. Elle qui m'a permis de grandir librement entre ces deux cultures, ces deux civilisations. La langue française est ma langue sacrée, celle dans laquelle je pense, je rêve, je dis je t'aime. Celle dans laquelle je transcris sans peine ce qui me vient de la lumière du cœur. 
Lettre ouverte au monde musulman

Les casos



Quand les Cyrards quittant l'École
À Paris débarquent gaiement
Les casos frisés par le vent
Se répandent en bandes folles.
Ils flottent, ils flottent gentiment
Les casoars rouges et blancs.

Ils font l'objet des rêveries
Des mamans berçant leur bébé
Les potaches à l'air blasé
Leur jettent des regards d'envie.
Ils fuient rapides et légers
Comme des rêves ébauchés.

Ils vont là où le coeur les mène
Au nid d'amour pour s'y griser
De caresses et de baisers
Dont ils sont privés en semaine.
Ils frôlent des minois charmants
Les casoars rouges et blancs.

Mais quand là-bas à la frontière
Le canon les a appelés
Ils vont combattre en rangs serrés
Pas un ne regarde en arrière.
Ils sont les premiers à l'assaut
Les valeureux petits casos.

Rouges et blancs, ils sont l'emblème
Des amours noyés dans le sang,
L'adieu que le Cyrard mourant
Fait porter à celle qu'il aime.
Ceux-là font couler bien des pleurs
Qui sont tombés au champ d'honneur.

Tantôt les caresses des femmes,
Tantôt les balles et les boulets,
Aimer, mourir, c'est leur métier
De servir la France et les dames.
Voilà ce que disent en mourant
Les casoars rouges et blancs.

Paroles de J.B. CLÉMENT
des "Marie-Louise" (1911-1914)
Mort au Champ d'honneur.

Écouter

Citation d'Albert CAMUS

Pour moi, je n'ai connu que le sport d'équipe au temps de ma jeunesse, cette sensation puissante d'espoir et de solidarité qui accompagnent les longues journées d'entraînement jusqu'au jour du match victorieux ou perdu. Vraiment, le peu de morale que je sais, je l'ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités. 
Albert CAMUS 

Dictées : 1965 / 2016

Le niveau en français de nos chères têtes blondes est-il en baisse (chute libre) ? La réponse est très certainement oui. Il suffit en outre de voir la hausse quasi-exponentielle de fautes d'orthographe ou de syntaxe jusque dans les documents officiels, livres scolaires (mais oui !) et la presse en général pour s'en persuader.
Alors que l'épreuve de français du Brevet des collèges 2016 vient d'avoir lieu, j'ai eu envie de vous proposer deux dictées : celle de cet examen, et celle du certificat d'études de 1965. Histoire de nous faire une idée concrète du niveau exigé aujourd'hui... Et hier :

1965
Qui n'a eu à souffrir de la ténacité de ces désagréables insectes, acharnés à venir se poser sur un visage d'où on les a chassés vingt fois ? Qui n'a connu les réveils prématurés d'été, quand les fenêtres ouvertes laissent dès l'aurore entrer ces hôtes indésirables, qui viennent troubler votre repos ? Qui n'a observé cent fois le geste inconscient et comique du dormeur éloignant d'une main molle la mouche venue explorer son nez ou ses joues ? Ces bestioles sont indiscrètes ; elles sont bruyantes, elles sont malpropres. Voilà bien d'insupportables défauts pour justifier le peu de faveurs dont elles jouissent.

2016
Mais il est six heures du soir. La nuit vous entre dans les yeux. On n'a plus que ses mains nues, que toute sa peau offerte à la boue. Elle vous effleure les doigts, légèrement et s'évade. Elle effleure les marches rocheuses, les marches solides qui portent bien les pas. Elle revient, plus hardie, et claque sur les paumes tendues. Elle baigne les marches, les engloutit : brusquement, on la sent qui se roule autour des chevilles... Son étreinte d'abord n'est que lourdeur inerte. On lutte contre elle, et on lui échappe. C'est pénible, cela essouffle ; mais on lui arrache ses jambes, pas à pas..."

Homographes

La langue française est, vous le savez tous, facétieuse et nous invite à jouer avec elle. Alors ne boudons pas ce plaisir !

Les homographes, qu’ils soient ou non homophones, offrent un vaste terrain de jeux… de mots. En voici quelques exemples.

Homographes non homophones : ils ont la même orthographe… mais pas la même prononciation. Un rien déroutant pour un étranger désireux de s’approprier notre langue !
- Je suis content qu’ils vous content cette histoire.
- Il est fier mais on peut s’y fier.
- Nous relations nos relations.

Homographes homophones : non seulement ils ont la même orthographe, mais ils se prononcent aussi de la même manière, les coquins !
- Je vais d’abord te dire qu’il est d’abord agréable.
- Le bruit dérangea une grue qui alla se percher sur une grue.
- En découvrant le palais royal, il en eut le palais asséché.

Je vous ai gardé le meilleur pour la fin, même si cette phrase ne regroupe que des homophones non… homographes (vicieux, ça !) :
Le ver va vers le verre vert.
Et comme le dit avec humour le Chat :
Écrire sans faute ou écrire cent fautes... Certains ont déjà du mal à ce stade.

150 000

Allez, pour le plaisir de le dire, en toute modestie compte tenu du peu de nouveaux billets postés depuis le 4 juin 2015 (barre des 100 000) :
Le blog vient de dépasser les 150 000 pages vues.
C'est honorable.
Merci à tous.

Citation de Jean GENET

Écrire c'est lever toutes les censures. 
Jean GENET (19 décembre 1910 - 15 avril 1986)

Citation de RABELAIS


Guerre faite sans bonne provision d'argent n'a qu'un soupirail de vigueur. Les nerfs des batailles sont les pécunes.

François RABELAIS (vers 1483 - 9 avril 1553)

Cahier de Français sur Facebook

Cahier de Français a sa page Facebook depuis quelques mois. J'y remets "à l'honneur" des articles de ce blog, mais y ajoute aussi régulièrement de nombreuses images de citations, proverbes détournés, jeux de mots, etc. réalisées par mes soins... à partager sans modération !
En voici le lien :

Citation de François-Xavier BELLAMY

Il n'y a pas de choc des cultures mais un choc des incultures.
François-Xavier BELLAMY 

Hommage aux mineurs

Le 10 mars 1906 se produisit la plus grande catastrophe minière en Europe, qui fit officiellement 1099 morts. Connue sous le nom de catastrophe de Courrières, elle toucha en fait les galeries situées près de Lens (fosses de Billy-Montigny, Méricourt, Sallaumines).
En hommage à tous les mineurs, et à l'occasion de l'anniversaire de cette tragédie, j'ai trouvé un joli texte de Roland Saint Yves et Christian Chaussy.
Je le dédie à ma compagne et ses frères dont le père, disparu récemment, fut mineur.

La Lune n'est pas encore couchée,
Mais lève-toi mon ami
Le coq n'a pas encore chanté,
Il faut aller gagner ta vie
Embrasse ta compagne endormie,
Fais une caresse à ton chien
Borde le lit à tes petits,
C'est peut-être ton dernier matin
Tu n'y penses pas, c'est bien normal
Tu as perdu l'goût du sentiment
Va trimer comme un animal
C'est aux enfers que tu descends
Et pendant ce temps-là tout là-haut
Le soleil inonde les clairières
Le vent du Nord secoue la bruyère
On entend le chant d'un oiseau
Quand tu seras au fond du trou
Suffoquant dans la poussière
Avec de l'eau jusqu'aux genoux
À quoi penseras-tu mon frère ?
Que tu n'étais qu'un galibot
Lorsque tu vis tomber ton père
Qui en faisant éclater la pierre
Un soir y trouva son tombeau
Et si parfois tu perds courage
Que tu te sens devenir amer
Va, cherche du côté de l'abattage
Une croix est gravée dans la pierre.
Et pendant ce temps-là tout là-haut
Le soleil inonde les clairières
Le vent du Nord secoue la bruyère
On entend le chant d'un oiseau
Lorsque les puits se fermeront
La vie prendra une autre voie
Et ce n'est pas sans émotion
Qu'au pays noir tu reviendras
Assis à l'ombre d'un terril
Tu reverras tous tes amis
Qui dans les tailles sont restés
Emmurés pour l'éternité
Oubliant ce que fut ta misère
Tes pas te guideront là-bas
Sur les lieux mêmes de ton calvaire
Pour refaire ton chemin de croix
Et pendant ce temps-là tout là-haut
Le soleil inonde les clairières
Le vent du Nord secoue la bruyère
On entend le chant d'un oiseau
Le vent du Nord secoue la bruyère
On entend le chant d'un oiseau
Cet évènement tragique a en outre inspiré un très beau roman, dont je ne peux que vous conseiller la lecture :
La descente des anges, d'Emmanuel Prost

Applaudir des deux mains

Applaudir des deux mains.
Non mais, sans blague, avez-vous déjà essayé d'applaudir d'une seule main ? Ou des pieds ?
Elle est un peu idiote, cette expression. Et pourtant...
Pourtant elle a le vent en poupe. Et je ne suis pas le dernier à l'utiliser (pas plus tard qu'hier d'ailleurs, et je n'en suis pas fier).
Question : est-ce bon pour notre langue d'élever au rang d'expression commune un tel pléonasme ?

Comme ça, à chaud, je serais tenté de répondre non. Applaudir des deux mains pourrait être remplacé fort avantageusement par applaudir énergiquement, ou applaudir avec ferveur, ou... ou... Bref, la palette des nuances, en français, est tellement étendue que chacun y trouvera a priori son compte. Mais, par un phénomène d'appauvrissement que l'on n'ose combattre, par facilité, par fainéantise intellectuelle, ou parce qu'on s'en fout, tout simplement, les expressions pléonastiques envahissent notre langue. Dommage, donc.

En prenant un peu de recul, je me dis toutefois que ce ne serait pas une première dans l'évolution du français, et que certaines expressions de ce genre datent de quelques décennies, voire plus. Un exemple ? Aujourd'hui. (voir par ailleurs ce billet).  Quel beau pléonasme, dites-moi !

Le pléonasme a souvent pour fonction de renforcer une idée, une action. C'est le cas pour applaudir des deux mains. Mais ça n'en reste pas moins une solution de facilité et un tic linguistique pas forcément heureux.
J'applaudirai donc énergiquement, des mains ou des pieds, toute initiative limitant les expressions pléonastiques !

Citation de Serge Gainsbourg


La beauté est la seule vengeance des femmes. 
Serge GAINSBOURG (2 avril 1928 - 2 mars 1991) 

Quand nos amies les bêtes bavardent

La langue française est riche et ne manque pas de vocabulaire pour désigner les « bavardages » de nos amies les bêtes.
Dommage que beaucoup des verbes qui suivent soient tombés dans l’oubli…

Ainsi, vous n’êtes pas sans savoir que le chien aboie quand le cheval hennit et que beugle le bœuf et meugle la vache, tandis que l'hirondelle gazouille, que la colombe roucoule et que le pinson ramage.
Vous savez, bien sûr, que les moineaux piaillent, que le faisan et l'oie criaillent quand le dindon glousse.
Vous savez, mais oui, que la grenouille coasse mais que le corbeau croasse et que la pie jacasse.
Et le chat, comme le tigre, miaule, l'éléphant barrit, l'âne braie (les Ch’tis aussi), mais le cerf rait.
Évidemment, Le mouton bêle et l'abeille bourdonne.
Et la  biche ? Elle brame tandis que le loup hurle.
Mais savez-vous que le canard nasille, alors que les canards nasillardent, que le bouc ou la chèvre chevrote, que le hibou hulule mais que la chouette, elle, chuinte, que le paon braille et que l'aigle trompète ?
Et savez-vous que si la tourterelle roucoule, le ramier caracoule et la bécasse croule, que la perdrix cacabe, que la cigogne craquette et que si le corbeau croasse, la corneille corbine et que le lapin glapit quand le lièvre vagit ?
Vous savez tout cela ? Bien !
Mais savez-vous que l'alouette grisolle et que le pivert picasse ?
Vous ne le saviez peut-être pas. C'est excusable !
N’oublions pas le sanglier qui grommelle, ou le chameau qui blatère… Et que c'est à cause du chameau que l'on déblatère !
Vous ne savez pas non plus, peut-être, que la huppe pupule. C'est joli, la huppe pupule.
Mais encore, savez-vous que la souris, la petite souris grise, chicote ? Oui ! Avouez qu'il serait dommage d'ignorer que la souris chicote et plus dommage encore de ne pas savoir que le geai cajole.
Si vous avez lu ce billet jusqu’au bout (et retenu quelque chose de nouveau ou d’oublié), vous avez participé, d’une certaine manière, au maintien de la richesse de notre langue.
Alors, ne serait-ce que pour ça : merci !


Note : je remercie chaleureusement Jean D. (il se reconnaîtra !) qui m'avait fait parvenir, il y a quelque temps, un texte dont je me suis largement inspiré pour écrire ce billet.

J'accuse

Le 13 janvier 1898, alors que l'affaire Dreyfus défraie plus que jamais la chronique et divise profondément le pays, Émile ZOLA adresse au président Félix FAURE une lettre qui sera également publiée dans le journal L'Aurore et qui entrera dans l'Histoire car elle contribuera au dénouement de l'affaire et à l'acquittement de DREYFUS. En voici le texte intégral. Vous pouvez aussi feuilleter la version numérisée du manuscrit original sur le site de la BNF.


13 janvier 1898

Monsieur le Président,

Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches?

Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Vous apparaissez rayonnant dans l’apothéose de cette fête patriotique que l’alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tache de boue sur votre nom – j’allais dire sur votre règne – que cette abominable affaire Dreyfus ! Un conseil de guerre vient, par ordre, d’oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.

Vœux 2016

2015 s'en est allé. Il était temps.

Voici venu 2016 avec ses incertitudes, ses espoirs et son interminable cortège de vœux dont beaucoup mourront dès les premières heures de la nouvelle année, tandis que d'autres s'épanouiront tout au long de ces 366 jours.
Des amours, des amitiés naîtront, ou au contraire disparaîtront. Des bonheurs infinis succèderont ou précèderont des tristesses et des malheurs sans nom, car la vie est tout sauf un long fleuve tranquille.
Allons mes amis, prenons notre fardeau, ajustons les bretelles, armons-nous de courage et d'optimisme et partons à l'assaut de 2016. Et que nous ne regrettions rien quand viendra l'ultime seconde de cette année. Vivons !

Avec tous mes vœux de bonheur, de bonne santé et de prospérité. Que 2016 soit pour vous tous une belle année.