Écrire un poulet


Disons-le tout de suite : il ne s'agit pas ici d'imprimer une volaille, ni de lire dans ses entrailles. Le pléonasme figurant dans le titre de ce billet vous a en outre d'ores et déjà mis sur la voie de la divine révélation de la signification, aussi limpide que romantique, de cette expression bien française :
un  poulet est un billet doux, une lettre galante, bref, un mot d'amour (exercice de style très particulier qu'il m'est déjà arrivé de pratiquer pour des clients transis, non de froid, car ils n'avaient pas la chair de poule, mais bien d'amour...).

Quant à l'origine de cette expression, elle remonterait au XVIIe siècle (ou milieu du XVIe, selon les sources), et serait une déformation et une spécialisation du mot "poullaict", qui désignait alors une lettre, puis plus précisément un billet doux.
Mais où est le rapport entre "poulet" et "missive" ? Beaucoup de spécialistes (non pas du poulet, mais de l'étymologie de la langue française) estiment que cela proviendrait de la forme que prenait la pliure de la lettre, qui faisait penser aux deux ailes d'un poulet.

Un farfelu dont je tairai le nom ici, par respect pour sa famille et sa profession (il est policier à Poule-les-Écharmeaux) a en outre émis l'hypothèse assez invraisemblable selon laquelle le bon roi Henri IV, ayant écrit un billet galant au cul d'une casserole des cuisines royales, aurait appelé sa prose "la poule au pot". N'importe quoi...