Au final

Au final...
Mais qu'est-ce que c'est encore que cette expression de bachelier-qui-trouve-que-les-épreuves-sont-vraiment-trop-dures-cette-année ?
Oui, je sais, je l'ai déjà utilisée, moi aussi. Mais ce n'est pas une raison valable pour ne pas tenter de l'éradiquer (tiens, revoilà don Quichotte !)

Pourquoi cette expression est-elle incorrecte ?
Parce qu'elle est construite avec un substantif qui n'existe pas : final. Le final. Connaît pas. Mes dictionnaires non plus. Il y a bien la finale. Mais alors, l'expression aurait dû être "à la finale".
Il y a bien le finale, mais c'est du vocabulaire d'opéra, emprunté d'ailleurs à l'italien. On pourrait alors avoir une expression comme "au finale". Oui ? Ça ne veut rien dire ? Entièrement d'accord avec vous.

Nous en sommes donc là : une expression mal emboutie, construite avec un mot qui n'existe pas, et pour remplacer d'autres expressions ou mots autrement plus corrects, voire plus élégants : "finalement", "en définitive", "au bout du compte", mieux encore (mais là, ça fait vraiment riche !) : in fine.

En définitive, ce vilain "au final" est à oublier.
Point final.

Bons mots (2)

Extraits de L'aimable compagnon - Nouveau recueil de bons mots, de fines saillies, de réparties spirituelles, d'historiettes et d'anecdotes plaisantes, naïvetés, menus propos, etc. Montréal. 1899.
Consultable en ligne ici.
Et ça vaut le détour !




Dans un café de petite ville de province, on parle du député de l'arrondissement, l'une des plus marquantes nullités de l'opportunisme.
‑ En voilà un qui a la langue bien pendue, dit quelqu'un, sur le ton de l'admiration ; c'est un véritable moulin à paroles !
‑ Hélas ! oui, réplique un loustic ; mais, comme tous les moulins, il tourne d'autant plus vite que sa meule n'a rien à broyer.

-----

Un jeune cycliste tombe sur le boulevard et, ne s'étant pas blessé, s'écrie : Présent !
Un passant. ‑ Pourquoi criez-vous présent, mon ami ?
‑ C'est pour répondre à la pelle, monsieur.

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Entendu sur le boulevard :
‑ Ce cher Gontran ! Encore à Paris à cette époque, toi qui étais accoutumé à passer chaque hiver dans le Midi !
‑ Hélas ! mon cher, le Midi est fatal à ma famille. Tu sais que j'avais deux sœurs. Eh bien ! l'une est morte d'une maladie de peau à Foix et l'autre d'une maladie de foie à Pau.

Mignonne

Je ne pouvais pas ne pas vous proposer, un jour, ce célèbre poème de Pierre de RONSART. Quand on pense qu'il l'écrivit à 20 ans, en souvenir d'une jeune fille de 13 ans (Cassandre)...

Mignonne

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Aucuns travaux ???

Entendu il y a quelques jours à la télé :
"Nous n'avons constaté le signe d'aucuns travaux."
Question : est-ce correct ? Évidemment, le problème posé est ici un peu faussé compte tenu que je l'ai écrit et donc résolu en partie en mettant un "s" à "aucuns". Toutefois, à l'oreille, l'expression peut choquer, "aucun" sous-entendant "zéro", alors que "travaux" est un mot au pluriel.
Vous me suivez, là ?

Il existe en effet quelques cas, rares il est vrai, ou aucun va s'accorder en genre et en nombre, même si cela paraît illogique. On écrira par exemple "Aucuns frais supplémentaires" parce que, dans ce cas, frais s'emploie toujours au pluriel. Dans le même ordre d'idée, travaux s'emploie ici toujours au pluriel (il ne peut pas être considéré, dans son sens, comme le pluriel de travail).
Voir par ailleurs ce billet publié en novembre dernier.

Il est donc tout à fait correct de dire ou écrire aucuns travaux.
Par contre, écrire aucun travaux est incorrect.
Aucune objection ?

Citation d'Albert Thibaudet


L'écriture qui ne prend pas de près contact avec la parole se dessèche comme la plante sans eau.
Albert THIBAUDET, Réflexions sur la critique

http://goo.gl/Q5O29W

La prétérition

Dans la grande et belle famille des figures de style, je demande aujourd'hui la prétérition.
Bonne pioche. Mais encore ?

La prétérition consiste à parler de quelque chose, alors qu'on vient d'annoncer qu'on la passerait sous silence. Et vous avez tous utilisé cette figure de style au moins une fois dans votre vie, ne serait-ce qu'en commençant une phrase par "Inutile de vous dire que..."

Et comme d'habitude, voici quelques exemples pour illustrer tout ça :

  • Nous n'essaierons pas de donner une idée de ce nez tétraèdre. (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris)
  • Si j’étais malicieux, je vous dirais que la victoire de Pascal sur les jésuites, c’est de les avoir convertis. (François Mauriac)
  • Ne dites pas à ma mère que je suis dans la publicité, elle me croit pianiste dans un bordel (titre d’un livre de Jacques Séguéla)
  • Voir aussi Le gorille, de Georges Brassens (dernier couplet)

Et pour celles et ceux qui veulent creuser encore plus profond, je vous recommande cet article.
Inutile de vous dire qu'il pourrait en rebuter plus d'un...

Ne pas confondre : étique et éthique

Étique ou éthique ? J'en vois qui se grattent la tête et tiquent. Et d'autres qui découvrent un mot dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence. Et toc.

Commençons par le plus connu :
éthique : (nom féminin) Partie de la philosophie qui envisage les fondements de la morale. Ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu'un. (adjectif) Qui concerne la morale. (Larousse en ligne)

Le problème avec ce mot, c'est le H. Car son oubli donne étique, qui signifie décharné, rachitique.

Le moins que l'on puisse dire est qu'on rencontre ou utilise assez rarement le deuxième. D'ailleurs, vous brillerez sur les réseaux sociaux (ou ailleurs) en arrivant à le placer dans une phrase ou une expression de votre cru !
Quant à ceux qui ont tendance à oublier le H du mot éthique : débarrassez-vous définitivement de ce fâcheux tic !

L comme...

L comme...
(choix très personnel, plus ou moins influencé par la position de la lune le 22 juin 2014 à 23h47, le programme proposé par Télé Bocal à 23h59, la température extérieure relevée à Béziers le 23 à 01h13 et les effets du café pris il y a environ 4 heures)

Lagon
Quand on y a goûté, on ne souhaite qu'une chose : remettre ça au plus tôt. Pour moi c'était en 1993... Et le rêve de refaire trempette dans les eaux chaudes et transparentes d'un lagon n'est pas abandonné. Disons que c'est le genre de projet qui demande tout de même un minimum de préparation...

Laïcité
Est-il nécessaire de rappeler la définition de ce mot ? Je pense que ça ne fera pas de mal :
Conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l'Église et de l'État et qui exclut les Églises de l'exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l'organisation de l'enseignement. (Larousse en ligne)
Son principe figure en toutes lettres dans l'article 1 de la Constitution française de 1958.

Laïus
Si, à l'origine, un laïus est un discours plutôt ennuyeux et un poil trop long (voir l'origine du mot ici), il n'en demeure pas moins un exercice délicat. Et tous ceux qui ont eu au moins une fois dans leur vie à faire un discours me comprendront. La profession que j'ai exercée pendant plus de 25 ans m'a souvent amené à prendre la parole en public. Aujourd'hui, je mets à profit cette expérience pour écrire des discours... pour les autres.

Langage / Langue
Comment communiquer ou s'instruire efficacement si on ne maîtrise pas ne serait-ce que les fondements de sa langue natale ? Car les faits sont têtus : les enfants qui s'en sortent le mieux à l'école sont ceux qui sont capables de lire correctement. Cet acquis fondamental reste le bagage le plus précieux pour le futur adulte... Car, aujourd'hui encore, on n'a rien trouvé de plus efficace que l'écrit pour transmettre le savoir et l'information.

Languedoc
J'y suis ! Et voici une région qui gagne à être connue au-delà des clichés touristiques habituels (plage, soleil et vignes, pour ne citer que les principaux). L'arrière-pays est de toute beauté et d'une richesse exceptionnelle. Le Languedoc a d'ailleurs inspiré de nombreux artistes. Plus modestement, je peux vous recommander le livre d'une Belge, prof d'anglais, venue s'installer dans les environs il y a quelques années et qui est tombée sous le charme de la région, au point d'en faire une description d'une simplicité et d'une sincérité lumineuses. À vous donner envie de partir en randonnée (ou plus simplement en balade) dans le coin lors de vos prochaines vacances !
Quand l'âne flotte, c'est qu'il a beaucoup plu, Aline Nusson, Éditions Libre Label

Larousse
Julie pour les intimes. Compagne fidèle, bonne conseillère, dont j'use et abuse plusieurs fois par jour, parfois. Et ce sans que Bob, un autre très bon ami, ne me fasse de scène de jalousie. C'est beau l'amour. Des mots.

Latin
J'en ai fait. Comme tous les élèves de secondaire de ma génération, si je me souviens bien. Et je garde de cette matière très "académique" un excellent souvenir et surtout une certaine rigueur intellectuelle qui m'a rendu, par la suite, beaucoup de services dans mes (longues) études, mais aussi dans la compréhension de ma propre langue, sans parler du bagage de culture générale que cette matière aujourd'hui totalement marginalisée m'a permis de constituer.
Ai aussi tâté du grec, mais moins longtemps.
Le Gaffiot trône toujours en bonne place dans ma bibliothèque personnelle, et ce depuis 1977. Et vous savez quoi ? Il m'arrive encore de l'ouvrir !

Lecture / Livre
Je n'arrive pas à imaginer un monde sans livres, une vie sans lecture. Aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, je me vois avec un livre. Milliers de tranches de bonheur. De vie. De rêves.
Inculquer l'amour de la lecture et des livres à un enfant, c'est lui offrir les clefs de son avenir. Je suis profondément reconnaissant envers mes parents de m'avoir donné ce goût-là.

Lens / Lille
Deux villes phares du Nord-Pas-de-Calais qui tiennent une place à part dans mon cœur. J'ai vécu un an dans la première mais m'y suis aussi rendu très régulièrement pendant plus de dix ans, passions pour l'équipe locale et pour l'esprit des gens du coin obligent (passions toujours vivantes). Et s'il m'arrive encore d'y aller, moins souvent compte tenu de l'éloignement, c'est aussi, dorénavant, pour son musée.
Quant à la deuxième, j'y ai travaillé de nombreuses années et m'y rends toujours plusieurs fois par an en tant que réserviste de l'armée de Terre.
Bref, deux métropoles à découvrir autrement qu'à travers les clichés un peu (beaucoup) éculés sur le "Nooord".

Lettre
Une de mes principales activités. J'en écris de toutes sortes, qu'elles soient d'amour ou simplement administratives. Mais ce sont toutes des tranches de vie que je côtoie, pénètre, fait miennes, le temps de la rédaction de quelques lignes. Privilège du métier d'écrivain public.

Littéraire
Ce n'est ni une tare ni un gros mot. Ce n'est pas non plus un privilège. Mais c'est une qualité qui s'acquiert. Et le plus tôt est le mieux. Le système éducatif français a une fâcheuse tendance à l'opposer au "scientifique", ce qui est une approche à la fois caricaturale et erronée de la réalité. Car pour être un bon scientifique, il faut être, ou avoir été, un bon littéraire au sens premier du terme.

Un collégien érudit

Un bon villageois fort riche mit son fils au collège, rêvant pour lui une place d'avocat, voire même de premier ministre. Arrivé dans l'établissement, notre villageois fut bourré de grec, de latin, de mathématiques et de soupe aux pois. Malheureusement pour l'élève, la soupe aux pois eut seule du succès ; le grec, le latin, les mathématiques, furent des mets complètement indigestes. Enfin, il rentra au foyer domestique, où il ne tarda pas à montrer le bout de l'oreille. Le père fut le premier à l'apercevoir. Or, un jour qu'ils étaient à table, on avait servi trois œufs. Le jeune collégien, ne voulant pas qu'on soupçonnât son ignorance, voulut faire voir qu'il n'avait pas perdu son temps au collège.
‑ Vous ne voyez ici que trois œufs, dit-il à son père ; eh bien, je vais vous prouver qu'il y en a cinq. Où sont trois se trouvent deux : ici sont trois œufs, donc il  s'en trouve deux ; or, deux et trois font cinq, donc il y a cinq œufs.
‑ J'accorde tout, dit le père ; en conséquence de ces cinq œufs, j'en mangerai deux, j'en donnerai un à votre mère et les deux autres seront pour vous.

Extrait de L'aimable compagnon - Nouveau recueil de bons mots, de fines saillies, de réparties spirituelles, d'historiettes et d'anecdotes plaisantes, naïvetés, menus propos, etc. Montréal. 1899.
Consultable en ligne ici.
Et ça vaut le détour !

La fête de la musique

Aujourd'hui, c'est samedi et c'est la fête de la musique.
Voici, pour l'occasion, un texte de Philippe Villeneuve, paru dans la revue Virages en 2003 :


Qui es-tu donc, Dame Musique,
Toi qui fais danser les foules,
Et qui enchantes les esprits ?
Serais-tu l'invention des humains,
Ou plutôt un cadeau venu d'ailleurs ?

Tu accompagnais le vent
Qui souffle dans la tempête,
Tu étais le chant de l'eau,
Le gazouillis des oiseaux,
Et même la voix du tonnerre,
Bien avant que l'homme soit là !

Et l'humain, par toi, fut séduit ;
Pour te conquérir, il créa
Des objets, des chants, des lois,
Au gré de sa fantaisie
De ses peines ou de ses joies ;
Dans son âme et dans son cœur,
Alors, tu t'introduisis.

Comme la fleur sait plaire à l'œil,
Pour l'oreille, tu es la beauté,
Et plus encore ton harmonie
Sait émouvoir ou apaiser.
Sur terre, les plus grands génies
T'ont laissée les apprivoiser.

Je te salue, Dame Musique,
Tu ornes mes meilleurs souvenirs.
Sois ma compagne fidèle
Et berce la fin de ma vie,
N'abandonne jamais les humains.
Car, au milieu de leur détresse,
De leur folie, leur démesure,
Ils ont bien besoin de toi.

Faire un bœuf

La fête de la musique, c'est pour demain. Et si vous y participez, il ne serait pas étonnant que vous tombiez sur quelques musiciens en train de faire un bœuf.
L'occasion est trop belle pour s'arrêter un instant sur cette expression singulière...

Faire un bœuf signifie faire une improvisation musicale à plusieurs. D'abord réservée au jazz, cette expression s'est généralisée à tous les genres... Comme vous pourrez le constater demain.
Quel rapport entre un bœuf et la musique ? En fait, il faut revenir aux années 20, à Paris, pour retrouver l'origine de l'expression. C'est dans un célèbre café brasserie créé en 1922, le Bœuf sur le toit, que se retrouvaient des musiciens qui, après leurs concerts, y improvisaient quelques morceaux sur des standards de jazz. Cette récréation artistique est d'ailleurs bien connue des jazzmen sous le nom de jam session.
Faire un bœuf, ou faire le bœuf nous vient donc de cette habitude prise dans ce cabaret parisien. D'ailleurs, si vous êtes de passage dans la capitale, vous pouvez toujours y faire un détour, car non seulement il existe toujours, mais en plus la tradition du bœuf y est toujours vivante !

Citation de Virginia Woolf

C'est écrire qui est le véritable plaisir ; être lu n'est qu'un plaisir superficiel.
Virginia WOOLF

http://goo.gl/rxTyqH

de Gaulle

En ce 18 juin, je ne vous servirai pas une fois de plus le fameux appel, même si celui-ci mérite d'être relu (voir ce billet).

Cette année, je vous propose une petite compilation de citations du "Grand Charles". Histoire de nous rappeler que, décidément, ce genre d'homme manque cruellement à la tête de notre pays en ce moment...


Citations du général de Gaulle :

  • Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples.
  • Prenez invariablement la position la plus élevée, c’est généralement la moins encombrée.
  • Le caractère, vertu des temps difficiles.
  • La véritable école du Commandement est la culture générale.
  • Ce qu’il faut surtout pour la paix, c’est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons ce que c’est : des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas.
  • Le désir du privilège et le goût de l'égalité, passions dominantes et contradictoires des Français de toute époque.
  • Les Gaulois n’ont pas changé. Leurs chefs détestent obéir. Mais ils adorent discuter.
  • Alors il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant : l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !... mais ça n'aboutit à rien et ça ne signifie rien. Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont.

J'ai gardé l'une de mes préférées pour la fin :
  • Tout homme qui écrit - et qui écrit bien - sert la France.



Ne pas confondre : censé et sensé

Censé ou sensé ?
Ces deux-là, on n'a pas fini de les confondre ! Et si vous êtes fâchés avec leur orthographe, lisez ce qui suit, j'ai peut-être le remède qu'il vous faut...

Revenons d'abord aux définitions.
Censé : verbe passif, utilisé avec l'auxiliaire être. Nous vient du vieux verbe français censer, qui signifiait aviser. Être censé faire quelque chose, c'est être supposé le faire. Nul n'est censé ignorer la loi : nul n'est supposé ignorer la loi.

Sensé : adjectif qui signifie réfléchi, qui a du bon sens. Des paroles sensées : des paroles réfléchies, de bon sens.

Et maintenant, voici quelques trucs mnémotechniques pour vous y retrouver. Vous utiliserez celui qui vous convient le mieux.
- Si on peut remplacer censé par supposé, alors c'est bien un c.
- Si on peut remplacer sensé par de bon sens, alors c'est bien un s. Comme le mot sens.
Et le meilleur pour la fin, car de mon cru :
Quand c'est sensé, ce n'est pas c** (mot trivial dont un synonyme pourrait être idiot), donc pas de c mais bien un s !

Voilà, toutes ces belles paroles a priori sensées sont censées vous aider à faire définitivement la différence entre ces deux mots. Même si la plupart d'entre vous trouvent insensé d'en arriver là.

Je plussoie, tu plussoies...

Plussoyer... Vous m'en direz tant ! Diantre ! Serait-ce une réminiscence de vieux françois ? Que nenni ! Car ce manant est enfant d'Internet, lequel n'est vraiment pas si vieux que cela, n'est-ce pas...
Petit retour en arrière, vite fait, pour les bleus de l'internet : dans les forums, puis dans les commentaires des blogs lorsque ceux-ci se sont généralisés, on prit rapidement l'habitude d'écrire "+1" lorsqu'on approuvait l'intervention d'un autre internaute. L'ancêtre du "J'aime" de Facebook, en quelque sorte. Et du pouce levé.
Très naturellement (comme quoi même le français peut s'adapter rapidement à de nouvelles situations sans pour autant aller taper dans le vocabulaire anglo-saxon), on a créé le verbe plussoyer (ou plussoir, mais beaucoup plus rare car moins facile à conjuguer !) à partir du mot "plus".
Reste à savoir dans combien de temps ce verbe va entrer définitivement dans nos dicos.
Pour sa conjugaison complète, voir par ici :
http://leconjugueur.lefigaro.fr/conjugaison/verbe/plussoyer_oblige.html

Sinon, vous pouvez aussi plussoyer ce billet...

Victor Hugo et le Brésil

Que vous aimiez le foot ou pas, il ne vous a pas échappé (enfin, j'espère !) que le mondial 2014 a débuté il y a deux jours.
Histoire de rester dans le contexte, voici un poème de Victor Hugo, non pas sur le foot, mais sur le Brésil...
Et allez les Bleus !

Brésil, aux arbres semés d'or
J’aime votre patrie au ciel toujours pur,
Paradis qui se berce entre les flots d’azur,
Où le soleil brûlant, comme un phare féerique,
Couvre de ses rayons le sol de l’Amérique.
Vous êtes le printemps et moi,
Je suis l’hiver ;
Je suis le soir tombant,
Vous le jour frais et clair,
Et j’aime à regarder l’aurore s’épanouir.
Oui ! Je sens de la force et de la joie me venir à vous voir 
Vous croissez.
L’Europe, le vieux monde,
Dans l’histoire a vécu la rapide seconde de sa vie.
Vous serez l’Europe,
après-demain.
Le moment est critique.
Eh! bien, prenez la main
De l’Avenir puissant qui vous attend.
Alors, Dans ce vaste Brésil aux arbres semés d’or,
Passeront le Progrès, la Force et la Clarté :
On voit sur votre front une aurore d’été. 
Victor Hugo
En savoir plus sur Victor Hugo et le Brésil :
http://bndigital.bn.br/francebr/frances/victor_hugo.htm


Déodorant, désodorisant...

Déodorant ou désodorisant ?
Ah, parce qu'il y a une différence ?
Oui, et je vais même vous dire que l'un des deux est un mot a priori incorrect.

Tout d'abord, il faut savoir de quelles odeurs on parle. S'il s'agit des odeurs dites ménagères, ou des mauvaises odeurs en général, on utilisera un produit désodorisant pour les neutraliser. Facile.

Mais s'il s'agit d'odeurs corporelles, on utilise un autre mot, déodorant, lequel n'est pas en odeur de sainteté auprès des sages de l'Académie française et des puristes de notre langue en général qui lui préfèrent, logiquement, désodorant. Mot que vous ne connaissez pas ou si peu, et pour cause, personne ne l'utilise. Pire encore : les dictionnaires ne le répertorient même pas ! Un comble.
Il serait pourtant logique, et tout à fait correct, d'écrire désodorant, comme on écrit désobligeant ou désopilant.

Encore une illustration de la "guerre" futile et déroutante qui sévit entre les grands éditeurs de dictionnaires et l'Académie française...

Tournoi de foot

Le foot est communément un milieu vénal, peuplé de grandes gueules et de fronts bas, et c’est pourtant un monde exaltant de ferveur partagée.
Arnaud Molinié
Ça commence ce soir et ça va durer un mois...

Citation d'Ivo Andric

Les mots les meilleurs sont ceux que nous cherchons en vain.
Ivo ANDRIC

http://www.pinterest.com/pin/82472236901645484/

Aigle : masculin ou féminin ?

Il y a quelque temps, je vous avais parlé du mot foudre, qui pouvait être masculin ou féminin. Eh bien en voici un autre : aigle. Mais cette fois, c'est un rien plus subtil...

Au masculin, tout le monde sait très bien qu'il s'agit de ce magnifique rapace au vol majestueux. Le mot nous vient du latin aquila... Qui a donné aussi l'adjectif aquilin, définissant généralement un nez fin et courbé en bec d'aigle. Tout s'explique !
Notons tout de suite dans un coin que la femelle de l'aigle s'appelle l'aigle. Bien.

Au féminin, il s'agit toujours du même oiseau... Mais en héraldique. Probablement parce que l'origine est liée à la mythologie romaine, dans laquelle l'aigle (femelle) était une divinité mineure, la même qui ornait les enseignes des légions romaines. Napoléon en fit par la suite grand usage et remit au goût du jour les aigles impériales de l'Antiquité.

Bref, retenez qu'en héraldique, le mot aigle est toujours employé au féminin.

Ne pas confondre : gaz et gaze

Aujourd'hui, je vous propose quelques lignes sur ces deux mots à l'orthographe très proche, certes, mais aux sens et origines fort éloignés : gaz et gaze.

Le premier, gaz, nom masculin, nous vient de gas, un mot inventé par le physicien néerlandais Jean-Baptiste Van Helmont au XVIIe siècle. Le "z" a rapidement remplacé le "s" en français pour se fixer définitivement un siècle plus tard.

Le deuxième, gaze, est féminin et nous vient de Gaza, où une étoffe très légère et aérée était tissée. Elle fut importée puis produite à la la fin du Moyen Âge en France, et tout particulièrement à Lyon et Paris, sous le nom de gaze.

Un petit moyen mnémotechnique tout bête consiste à faire le rapprochement entre la marque traditionnelle du féminin, le "e" final, avec le fait que gaze est féminin, alors que le gaz est masculin.

Attention : le mot gaz a donné gazer, verbe transitif ou intransitif selon le sens, mais surtout du premier groupe, ce qui implique qu'il prend les terminaisons habituelles (e, es, e). Ainsi, pour dire que tout va bien on utilisera l'expression "ça gaze"... Évidemment, certains auront un peu de mal à saisir l'intérêt de cette remarque, ayant la fâcheuse habitude de confondre "ça" et "sa"... Un peu de gaze sur votre orthographe bien écorchée ?

French words à gogo

Une fois n'est pas coutume, voici un petit billet sur l'invasion des mots français dans la langue anglaise, et non l'inverse.
Saviez-vous que près de 30 % des mots anglais sont empruntés au français ? Et ce n'est pas tout : beaucoup de mots (ou expressions) français n'ont pas leur équivalent dans la langue de Shakespeare. Comme "à gogo", par exemple. Mais aussi "concierge", ou encore "tête-à-tête"... Surprenant, n'est-il pas ?
Une page Wikipédia recense tous ces mots, qui sont autant de preuves, s'il fallait encore en produire, que la langue française reste, de loin, la plus riche de toutes.
De là à croire mordicus que le français supplantera l'anglais d'ici 2050... Wait and see !

Contrepèteries : le corrigé

Comme promis, voici le corrigé des contrepèteries de ce matin. Je suis sûr que vous les aviez toutes ! Du coup, je vous fais grâce des deux que j'avais glissées dans le texte d'introduction, car il est bien connu que deux petits pois ne font pas l'affaire !

1- Qui n’a pas connu les tentations que procure un beau sexe ?
2- Comment don Camillo a-t-il pu retrouver sa calotte dans l’anus du pêcheur ?
3- Colette aimait à tirer le zob de Jean Valjean.
4- Cyrano astiquait son manche avant chaque dîner.
5- Les gardes du Cardinal chiaient à la seule vue des panards des mousquetaires !
6- On a retrouvé une fable inédite : Le baron et la chaude lance.
7- Ô, toi, Lamartine, toi, le grand cul qui pleure ! Il nous semble parfois que nos deux couilles se meurent.
8- Le curé Elzéar a finalement banni son vieux pénis.
9- J’ai lu en parallèle La guerre des folles et La vie des gouines.

10- L’oncle Tom, heureux, a casé sa bite.
11- La petite marchande d’allumettes aurait donné ses deux cents balles pour un dard bien chaud !
12- Leibniz a fait taire toutes les grandes meules avec ses gonades.
13- Les larmes de l’utérus émouvaient Tolstoï.
14- Très beau roman québécois, Le gland et les rondins !
15- Dans les contes de Grimm, les putains ont souvent les loches qui pendent.
16- Hubert en exil est allé droit au cul.
17- Anna de Noailles a laissé un poème inachevé : Le cul est mort.
18- Jules Renard décrit avec réalisme le père pris d’une colique noire.

Contrepèteries

L'autre jour une bonne amie, folle de la messe, me confiait qu'au cours du dernier office, l'encensoir répandait une forte odeur de thé qui montait jusqu'au préau.
Eût-elle voulu me mettre sur la piste d'un petit billet regroupant quelques contrepèteries qu'elle ne s'y serait pas prise autrement !
En voici donc quelques-unes, à ne pas mettre entre toutes les mains (ce qui est souvent le cas avec les contrepèteries), et dont je vous donnerai la "correction" en début de soirée...
Bon dimanche !

1- Qui n’a pas connu les sensations que procure un beau texte ?
2- Comment don Camillo a-t-il pu retrouver sa culotte dans la nasse du pêcheur ?
3- Cosette aimait à tirer le lobe de Jean Valjean.
4- Cyrano astiquait son nez avant chaque dimanche.
5- Les gardes du Cardinal riaient à la seule vue des panaches des mousquetaires !
6- On a retrouvé une fable inédite : Le chaudron et la balance.
7- Ô, toi, Lamartine, toi, le grand cœur qui plut ! Il nous emble parfois que nos deux cœurs se mouillent.
8- Le curé Elzéar a finalement béni son pauvre vieux Panisse.
9- J’ai lu en parallèle La guerre des Gaules et La vie des fouines.

10- L’oncle Tom, heureux, habitait sa case.
11- La petite marchande d’allumettes aurait donné ses deux sandales pour un bar bien chaud !
12- Leibniz a fait taire toutes les grandes gueules avec ses Monades.
13- Les luttes de l’armée russe émouvaient Tolstoï.
14- Très beau roman québécois, L’élan et le grondin !
15- Dans les contes de Grimm, les lutins ont souvent les poches qui pendent.
16- Ubu en exil est allé droit au Caire.
17- Anna de Noailles a laissé un poème inachevé : Le corps ému.
18- Jules Renard décrit avec réalisme Lepic pris d’une colère noire.

Le chat et le soleil

Le chat et le soleil

Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.

Voilà pourquoi, le soir,
quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.

Maurice CARÊME (1899-1978)

Citation de Frédéric Dard

L'ingéniosité en amour, c'est comme la poésie en littérature. On peut s'en passer, mais c'est dommage.
Frédéric DARD
(29 juin 1921 - 6 juin 2000)

D-Day

Article mis à jour le 6 juin 2017

Nous fêtons cette année le 73e anniversaire du débarquement en Normandie. Et comme nous sommes ici sur un blog à tendance plutôt "littéraire", je vous propose, pour marquer l'évènement, un texte rendu célèbre dans le monde entier par cet évènement historique...

Chanson d'automne

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul VERLAINE 
Poèmes saturniens, 1866

Citation de Joël Dicker (2)

Personne ne sait qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent.
Joël DICKER

Tenir la dragée haute

Tenir la dragée haute (à quelqu'un) : voilà une bien belle expression, que je vous propose aujourd'hui de découvrir un peu plus en détail.

Commençons par ce qui est certain :
- cette expression est apparue au XVIIIe siècle,
- elle signifie faire attendre quelqu'un en lui accordant parcimonieusement ce qu'il désire, ou encore lui faire sentir son pouvoir.

Quant à son origine, j'en ai trouvé deux, et si ma préférence va à la deuxième, rien ne vous interdit de préférer la première...
- Certains pensent que l'expression viendrait d'un jeu d'enfants consistant à suspendre une friandise au bout d'une ficelle et en hauteur, le but étant d'essayer de l'attraper. Celui qui tenait la ficelle pouvait alors faire languir les gosses, en maintenant hors de leur portée, aussi longtemps qu'il le souhaitait, la friandise. Jeu ô combien cruel, vous en conviendrez.

- Il existe toutefois une autre explication, même si on va parler, encore une fois, de friandise... Mais pour les chevaux cette fois. La dragie (qui deviendra par la suite dragée) était une brassée de fourrage vert, composée d'un mélange de froment et de sarrasin, qui constituait une vraie gourmandise pour le cheval. Et pour apprendre à ce dernier à maîtriser sa gourmandise, on plaçait la dragie en hauteur dans son râtelier, et hors de sa portée, ne lui en donnant qu'avec mesure... D'où l'expression "tenir la dragie haute". Pourquoi pas.

Allez. Je conclus ce billet en passant du coq à l'âne : en ce jour de sainte Clotilde, je souhaite une bonne fête à tous les bérets bleus !
(voir le billet posté il y a un an)

Ne pas confondre : frai et frais

Un poisson pas frais, ça effraie. Et un poisson pas frais ne peut plus frayer. Et s'il ne fraie pas, il n'y aura pas de frai. Logique.
Tout ça pour dire qu'il y a un monde entre frais et frai !
Je ne m'étendrai pas sur frais, aux multiples sens (du nom à l'adverbe, en passant par l'adjectif, il y aurait de quoi écrire !).

Arrêtons-nous plutôt sur frai, moins connu et donc source de confusions et de fautes d'orthographe.
Comme nous le dit joliment Larousse, frai, nom masculin, désigne "le rapprochement sexuel chez les poissons à fécondation externe". C'est aussi "l'époque à laquelle ce rapprochement a lieu". Le même mot désigne aussi les "œufs de poissons ou d'amphibiens", ou encore les "tout petits poissons (alevins)".
Un sens encore moins connu de ce mot (sauf des numismates) est "l'usure subie par les monnaies par suite de leur circulation".
(Toutes ces définitions sont tirées du Larousse en ligne)
Dans tous ces cas, frai s'écrit sans s au singulier. Et il en prend un au pluriel, bien entendu.

Bref, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Buvons frais !

Mashup

Il y a quelques jours, Robert et Larousse ont publié la liste des nouveaux mots qu'ils vont intégrer à leurs dictionnaires.
Je m'attendais à y trouver mashup (ou mash up, ou mash-up). Raté. Mais ça viendra...
Pourquoi ?
Tout simplement parce que ce mot n'a pas vraiment d'équivalent en français. Agrégation ? Compendium ? Mixage ? Aucun ne convient totalement.
Tiré du verbe anglais to mash, qui signifie écraser, réduire en purée, le mashup consiste à combiner plusieurs sources (musicales, informatiques, picturales, ...) pour en créer une nouvelle. Le mot est très utilisé dans le milieu musical, et vous trouverez aisément des exemples de mashups sur la toile (un exemple ici). Mais c'est aussi ce principe qui est utilisé lorsque vous créez votre carte personnalisée à partir d'une carte de Google Maps, par exemple.
Le phénomène du mashup a pris une nouvelle dimension avec la diffusion généralisée de vidéos sur des sites de partage du type Youtube ou DailyMotion, où on voit fleurir des mashups souvent amusants dans lesquels on a remplacé la bande-son originale par une autre. À titre d'exemple, je peux vous proposer celui-ci (attention, fou-rire assuré !).

Quant au pluriel de ce mot, le mieux est encore d'appliquer la règle française habituelle et connue de tous, à savoir ajouter un s final. Mais vous pouvez aussi le laisser tel quel. Et comme vous avez en outre le choix entre plusieurs façons de l'écrire, c'est finalement un mot sympa pour les "serial killers" de l'orthographe !

Faux proverbes

Je vous avais servi il y a quelques semaines toute une série de proverbes détournés.
Cette fois, il s'agit de faux proverbes. Il y a une nuance, si si !

  • Celui qui parti de rien, est arrivé à pas grand chose, n'a de merci à dire à personne. (Pierre Dac)
  • Il vaut mieux ne rien dire et passer pour un c** que de l'ouvrir et ne laisser aucun doute à ce sujet.
  • Il vaut mieux prêter à sourire que donner à réfléchir. (Les Nuls)
  • Il vaut mieux qu'il pleuve un jour de mauvais temps, plutôt qu'un jour où il fait beau. (Pierre Dac)
  • Si tu tapes ta tête contre une cruche et que ça sonne creux, n'en déduis pas forcément que c'est la cruche qui est vide.
  • Rien n'est impossible à celui qui n'a pas à le faire.
  • Si tu as envie de travailler, assieds-toi et attends que ça passe. (faux proverbe Corse)
  • Si tu ne veux pas te taper sur les doigts, prends ton marteau à 2 mains.