Ne pas confondre : cor et corps

Il y a corps et cor. Petit p, grandes conséquences.
Allons bon.
Revoyons donc les définitions de ces deux mots. Car il y a corps et corps, de même qu'il y a cor et cor.

Corps : on va simplifier, sinon demain on y est encore ! Notez aussi, et ce sera dit une bonne fois pour toutes, que corps s'écrit toujours avec un s.
- Partie physique des êtres vivants. Objet matériel, physique. La plus importante partie d'une chose. 
- Ensemble de personnes appartenant à une même catégorie professionnelle.
- Etc... Il y en a un kilomètre...

Cor :
- Corne ou défense d'éléphant (olifant), utilisée autrefois comme instrument d'appel, surtout guerrier.
- Instrument de musique composé d'une embouchure, d'un long tube conique en cuivre ou en laiton enroulé sur lui-même et terminé par un pavillon largement évasé.
- Chacune des branches adventices du bois d'un cerf.
- Callosité douloureuse sur un orteil.
- Gangrène sèche de la peau des équidés provoquée par la pression du harnais.

Vous jouerez donc du cor. Si vous jouez du corps, il vous faudra probablement préciser le contexte de cette image hautement poétique.

Si votre corps vous fait souffrir, cela n'aura pas tout à fait la même signification que s'il s'agit de votre cor... au pied.

Enfin, et nous en resterons là pour aujourd'hui, il est hautement improbable que le corps des enseignants confirme l'existence d'un cor des enseignants, dont la spécificité et donc l'origine semblent difficiles à déterminer (si quelqu'un a une idée...).

On pourrait aussi disserter longuement sur le corps du cor et-
STOP !

Drôles de définitions (1)

Aujourd'hui c'est dimanche, alors on se détend (et on en profite pour souffler entre les deux fêtes !).
Je vous propose donc une première série de définitions, plus ou moins fines, dégotées sur la toile. Visiblement, Laurent fait des émules.
À servir au prochain repas familial, au moment du fromage...

Gévaudan
Ce que l'on dit à Mamie quand on a enfin retrouvé son dentier.

Jennifer
Ni table à repasser.

Jodie Foster
Personne avec qui il ne faut pas parler le jeudi.

Philippe Manoeuvre
Mais il n'a toujours pas réussi à se garer.

Entrer dans l'arène
Action permettant d'assurer la descendance du royaume.

Chauffeur de corbillard
Pilote décès.

La maîtresse d'école
L'institutrice prend l'avion.

Les ciseaux à bois
Les chiens aussi.

Les tôles ondulées
Les vaches aussi.

Un de perdu, dix de retrouvés
Ça ne marche qu'avec les kilos.


Vive le vent

En ce samedi d'entre-deux fêtes, je vous propose non pas un poème, mais une chanson que vous connaissez tous.
Saviez-vous, à son propos, que les paroles sont de Francis Blanche (1948), sur l'air du fameux "Jingle Bells" de James Lord Pierpont ? Paroles qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec la chanson américaine d'origine...

Vive le vent 
Sur le long chemin
Tout blanc de neige blanche
Un vieux monsieur s’avance
Avec sa canne dans la main
Et tout là-haut le vent
Qui siffle dans les branches
Lui souffle la romance
Qu’il chantait petit enfant 
Refrain
Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d’hiver
Qui s’en va sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts
Oh ! Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d’hiver
Boule de neige et jour de l’an
Et bonne année grand-mère 
Joyeux, joyeux Noël
Aux mille bougies
Qu'enchantent vers le ciel
Les cloches de la nuit.
Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui rapporte aux vieux enfants
Leurs souvenirs d'hier 
(Refrain) 
Et le vieux monsieur
Descend vers le village,
C’est l’heure où tout est sage
Et l’ombre danse au coin du feu
Mais dans chaque maison
Il flotte un air de fête
Partout la table est prête
Et l’on entend la même chanson 
(Refrain) 
Francis Blanche


Pourquoi grand-mère et pas grande-mère ?

Alors, pourquoi écrit-on grand-mère, et non grande-mère (ou grande mère) ?

Pour répondre à cette question pas si idiote que ça, il faut faire un peu d'étymologie.
L’adjectif français grand vient du latin grandis, dont la forme était identique au masculin comme au féminin. C'est la raison pour laquelle le français ne faisait pas non plus de différence, grand (ou gran, ou grant) étant alors invariable en genre.
Le féminin, grande, ne s'est généralisé qu'au XVIe siècle. Toutefois, de nombreuses expressions figées ou lexicalisées ont subsisté, en général parce qu'elles revêtaient un sens particulier, parfois très éloigné du sens propre des deux mots (exemple : une grand-mère n'a rien à voir avec une mère grande en taille !).
Est-il utile de préciser que le trait d'union est obligatoire ?

D'autres mots suivent la même "règle" que grand-mère. Il y en a une quinzaine, environ... Je vous laisse le plaisir d'en dresser la liste.

Citation de Michel Houellebecq (2)

J'ai choisi les mots comme seule arme, j'ai une confiance tout à fait illimitée en leur pouvoir.
Michel HOUELLEBECQ

Petit papa Noël


C'est la belle nuit de Noël,
La neige étend son manteau blanc,
Et les yeux levés vers le ciel,
À genoux, les petits enfants,
Avant de fermer les paupières,
Font une dernière prière.

REFRAIN
Petit papa Noël
Quand tu descendras du ciel,
Avec des jouets par milliers,
N'oublie pas mon petit soulier.

Mais avant de partir,
Il faudra bien te couvrir,
Dehors tu vas avoir si froid,
C'est un peu à cause de moi.

Il me tarde tant que le jour se lève
Pour voir si tu m'as apporté,
Tous les beaux joujoux que je vois en rêve
Et que je t'ai commandés.

(REFRAIN)

Le marchand de sable est passé
Les enfants vont faire dodo
Et tu vas pouvoir commencer
Avec ta hotte sur le dos
Au son des cloches des églises
Ta distribution de surprises

(REFRAIN)

Si tu dois t'arrêter
Sur les toits du monde entier
Tout ça avant demain matin,
Mets-toi vite, vite en chemin.

Et quand tu seras sur ton beau nuage,
Viens d'abord sur notre maison
Je n'ai pas été tous les jours bien sage,
Mais j'en demande pardon.

Petit papa Noël
Quand tu descendras du ciel,
Avec des jouets par milliers,
N'oublie pas mon petit soulier,
Petit papa Noël.

Paroles : Raymond Vinci
Musique : Henri Martinet 
Chanson interprétée par Tino Rossi


Que la nuit prochaine vous apporte paix et bonheur...

Ne pas confondre : conter et compter

On ne va pas en faire un fromage, mais tout de même...

La confusion entre ces deux homophones se retrouve généralement dans la transcription de certaines expressions. Prenons un exemple :
Ne pas s'en laisser conter ou ne pas s'en laisser compter ? La confusion orthographique vient neuf fois sur dix d'une incompréhension initiale de l'expression. Car, dans notre exemple, il s'agit bien de ne pas se laisser raconter des histoires ! On parle bien du conte, et non du compte.
Bon, je ne vais pas non plus vous faire un conte de tout ça, je sais que votre temps est compté. Je vais donc conclure par un exemple de mon cru, bien tordu et je m'en moque parce que jouer avec les mots, c'est sympa et j'aime ça !

Monsieur le comte, qui n'aimait pas s'en laisser conter, avait soigneusement compté les meules de Comté dont il comptait bien faire une mémorable fondue.

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Voici les réponses au petit test d'hier :
Une Alcôve
Une Ambage
Un Antre
Un Apogée
Un Arcane
Un Balustre
Un Déboire
Une Écritoire
Un Effluve
Une Épigramme
Une Épître
Une Équivoque
Un Hémisphère
Une Interview
Une Oasis
Un Obélisque
Un Orgue
Un Planisphère
Un Tentacule
Une Vicomté

Détente : masculin ou féminin ?

C'est dimanche, certes, mais ce n'est pas une raison pour laisser ses neurones faire la grasse matinée trop longtemps !
Je vous propose donc ce petit jeu, d'une simplicité confondante : déterminez le genre des mots qui suivent, sans tricher évidemment. Notez vos réponses dans un coin. Vous aurez les solutions dans le billet de demain (ou après quelques recherches personnelles si vous n'avez pas la patience d'attendre jusque là !).
Quelque chose me dit qu'il y aura très peu de 20/20...

Alcôve
Ambage
Antre
Apogée
Arcane
Balustre
Déboire
Écritoire
Effluve
Épigramme
Épître
Équivoque
Hémisphère
Interview
Oasis
Obélisque
Orgue
Planisphère
Tentacule
Vicomté

Bon dimanche !



La nouvelle orthographe

La nouvelle orthographe.
Ça ne m'enchante pas tant que ça de vous en parler mais, bon, il faut vivre avec son temps et accepter en particulier les évolutions d'une langue dite vivante, même si cela vient bousculer nos certitudes orthographiques.
Et l'exercice est périlleux, car la frontière entre dénaturation et évolution naturelle du français est parfois très mince.

Certaines évolutions me semblent intéressantes, pour ne pas dire salvatrices.

Ainsi, les numéraux composés sont systématiquement reliés par des traits d'union (ex. : vingt-et-un-mille-six-cent-deux, quatre-centième, un-million-cent).
Du coup on va pouvoir distinguer quarante-et-un tiers (41/3) de quarante et un tiers (40 + 1/3), mille-cent-vingt septièmes (1120/7) de mille-cent vingt-septièmes (1100/27), de mille cent-vingt-septièmes (1000/127), ou encore de mille-cent-vingt-septième (1127e). 

Autre nouvelle règle que je trouve personnellement bien vue (et bienvenue) : les noms et les adjectifs empruntés à d’autres langues, dont le latin, suivent la règle générale du singulier et du pluriel des mots français (exemples : des médias, des raviolis, des sandwichs). Exceptions : les noms ayant conservé leur valeur de citation (exemple : des requiem).
Autre exemple : un scénario, des scénarios (des scenarii est toujours accepté, mais ça fait un peu vieillot, non ? En outre, il faudra penser à retirer le "é", et il est préconisé de l'écrire en italique).

Par contre, je regrette un peu la disparition de mon bien-aimé accent circonflexe dans certains cas :
L'accent circonflexe disparait sur les lettres i et u (ex. : nous entrainons, il parait, flute, traitre). Et la liste est longue (voir ici).
Du coup, il y a des exceptions !
L’accent circonflexe est maintenu, pour sa fonction analogique ou distinctive, uniquement dans les cas suivants :
- dans les terminaisons verbales du passé simple (ex. : nous vîmes, vous lûtes) et du subjonctif (ex. : qu'il partît, qu'il eût voulu) ;
- dans jeûne(s), dans les masculins singuliers dû, mûr et sûr, et dans les formes de croitre qui, sinon, seraient homographes de celles de croire (ex. : croîs, croît, crûs, crût, crû).
Simplification, disiez-vous ?

Bon, globalement, toutes les règles de cette nouvelle orthographe vont dans le bon sens, soyons honnêtes.
Il reste donc, surtout à nous, les plus "anciens", à les apprendre, les adopter et les appliquer. Ce qui n'est pas si simple : lorsque je corrige des documents dans le cadre de mon activité d'écrivain public, je rajoute machinalement le ^ à "disparait", mets un trait d'union entre "week" et "end", etc... Je dois donc me faire violence !

Pour être complet sur ce sujet, je vous recommande chaudement de lire en long, en large et en travers le site officiel de la nouvelle orthographe :
http://www.nouvelleorthographe.info/

Vous allez y apprendre plein de choses, je crois...


Citation de Pierre Michon


L'expérience de l'écriture est extatique. Il faut s'y jeter à corps perdu, pleurer et rire intensément, physiquement, entrer dans un état second. 
Pierre MICHON (physicien)

La conjoncture actuelle

Aujourd'hui c'est mercredi, à la découverte du pléonasme de la semaine.
La conjoncture actuelle en est un tellement courant que très nombreux sont ceux qui ont fini par ne plus le considérer comme tel. Et pourtant...

Si l'on revient à la définition même du terme conjoncture (voir aussi l'article d'hier à ce sujet), il s'agirait donc de la situation économique générale d'un pays. Actuel apporterait une notion de temps, ce qui ne serait pas forcément redondant.

Toutefois, dans l'expression conjoncture actuelle, conjoncture est synonyme de "circonstance présente". Conjoncture actuelle serait donc un pléonasme. On vous dira peut-être que c'est un mauvais emploi du mot conjoncture. Ah bon ?

Bref, si un jour vous lisez dans un document "conjoncture future", cela vous choquera-t-il ?
Moi oui.
Démonstration par l'absurde.

Ne pas confondre : conjecture et conjoncture

Conjecture et conjoncture sont deux mots suffisamment proches dans leur orthographe mais pas dans leur sens pour qu'ils soient à l'origine de fâcheuses confusions. Un petit rappel s'impose donc.
(définitions Larousse)



Conjecture :
Supposition fondée sur des probabilités, mais qui n'est pas contrôlée par les faits.
Hypothèse formulée sur l'exactitude ou l'inexactitude d'un énoncé dont on ne connaît pas encore de démonstration.

Conjoncture :
Situation qui résulte d'un ensemble de facteurs définis ; concours de circonstances.
Variations non saisonnières de l'activité économique à court terme, pour une région ou un pays donné ; technique d'étude de l'évolution et de la prévision de ces variations.

Exemple :
Les économistes dignes de ce nom se perdent en conjectures sur la capacité d'adaptation de la France à la conjoncture économique mondiale.

Poser un lapin

Il y a des expressions, comme "poser un lapin", qu'on utilise couramment sans prêter forcément attention au sens qu'elles pourraient prendre si on les interprétait mot à mot (Muriel Robin, dans son dernier spectacle, est désopilante à ce sujet !).

Vous savez tous ce que signifie "Poser un lapin", évidemment. On ne va pas revenir là-dessus.
Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est l'origine de cette expression imagée et animalière.
Après moult consultations d'articles et d'avis plus ou moins concordants, voici ma synthèse :

On peut dire que cette expression est apparue au XIXe siècle, dans le milieu de la prostitution. À cette époque, "poser un lapin" signifiait "ne pas rétribuer les faveurs d'une fille". Pourquoi lapin ? Probablement par allusion au «lapin posé sur les tourniquets des jeux de foire, qui paraît facile à gagner et qu’on ne gagne jamais.» (Lorédan Larchey, Nouveau supplément du dictionnaire d’argot, 1889). En argot, le lapin était le paiement. Quant à "poser", cela viendrait d'une autre expression en vogue à l'époque : "laisser poser" ou "faire poser" quelqu'un signifiait le faire attendre.

Le glissement de sens de l'attente vaine d'un paiement vers l'attente, tout aussi vaine, d'une personne à un rendez-vous (généralement galant), date également du XIXe siècle.

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Solution de l'énigme d'hier : votre nom.

Petite énigme dominicale

Aujourd'hui c'est dimanche. On va donc éviter la surchauffe des neurones.
Je vous propose donc cette petite énigme dont je vous donnerai la solution demain, pour la forme.

Qu'est-ce que vous n'avez jamais acheté, qui est toujours en votre possession, que vous n'avez jamais expliqué à personne, mais qui est cependant utilisé par tous les gens que vous connaissez ?

Bon dimanche !

Décembre

Aujourd'hui c'est samedi et... Oui, vous le savez, c'est jour de poésie.
Et comme nous sommes en plein mois de décembre, je vous ai trouvé ce texte du poète québécois Louis-Honoré FRÉCHETTE (1839-1908).

Décembre
Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
Dessine des milliers d'arabesques informes ;
Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
De fauves tourbillons passent échevelés. 
Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,
De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ;
Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes
Dressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés. 
Des hivers boréaux tous les sombres ministres
Montrent à l'horizon leurs figures sinistres ;
Le froid darde sur nous son aiguillon cruel. 
Evitons à tout prix ses farouches colères ;
Et, dans l'intimité, narguant les vents polaires,
Réchauffons-nous autour de l'arbre de Noël. 
Louis-Honoré Fréchette

Vendredi 13

Vendredi 13 !!!!!

Êtes-vous superstitieux ou superstitieuse ?
Êtes-vous triskaïdékaphobe (phobie du nombre 13) ? Ou pire encore, paraskevidékatriaphobe (phobie du vendredi 13) ?

Je vous laisse le plaisir de dénicher sur la toile des sites consacrés au vendredi 13 (il y en a). Je vous recommande en particulier cette page :

Je vous propose en outre ces deux bons mots, à servir à la pause-café (ou quand vous voudrez) :
Se faire enterrer un vendredi 13 ? Il faut vraiment ne pas être superstitieux.
Léo Campion 
Il est exact que ça porte malheur de se marier un vendredi 13, car il n'y a pas de raison pour que ce jour fasse exception.
Georges Courteline
Allez, bon vendredi à tous !

Citation de Madeleine Monette



L'écriture est parfois indélicate et, qu'elle soit bienveillante ou non, elle finit toujours par en dire trop ou trop peu.
Madeleine MONETTE, Le double suspect

Campus universitaire

Eh oui, campus universitaire est un pléonasme.

Définition du mot campus (Larousse) :
Vaste terrain construit de bâtiments universitaires et de résidences étudiantes, aux allures de parc, aux États-Unis et au Canada.
Ensemble universitaire regroupant unités d'enseignement et résidences étudiantes.
Toutefois, vous trouverez assez facilement, sur la toile, des articles argumentant le contraire de manière plus ou moins heureuse, puisqu'il semblerait qu'on utilise désormais le mot campus pour désigner autre chose que des ensembles universitaires. Après tout, le français est une langue vivante...

Alors, pour éviter de froisser les uns et les autres, je dirai que "campus universitaire" est une redondance usuelle.

Campus de Montpellier

Ne pas confondre : colon et côlon

Vous allez finir par croire que je fais une fixation sur ce brave accent circonflexe...
N'empêche, voici encore un exemple où sa présence (ou son absence, comme vous voudrez) change tout :

ColonPersonne qui a quitté son pays pour aller exploiter une terre, faire du commerce, etc., dans une colonie ; descendant de ces immigrés, installé à demeure dans ce pays et cohabitant avec les autochtones.

CôlonPartie de l'intestin commençant à la valvule de Bauhin (fin de l'intestin grêle) et se terminant au rectum, qui élabore et véhicule les matières fécales.

(Larousse)

Avouez que ça vaut la peine d'y prêter un tant soit peu attention !


Honni soit qui mal y pense !

En fait, j'aurais dû écrire
Honi soit qui mal y pense !


Il s'agit à l'origine, comme vous le savez, de la devise du fameux et non moins sérieux Ordre de la Jarretière (voir l'article sur Wikipédia). On notera en passant, non sans une certaine malice (qui a dit nostalgie ?), que le français est encore bien présent dans la culture et les traditions britanniques.

Honnir est un ancien verbe signifiant "dénoncer, vouer à la détestation et au mépris publics de façon à couvrir de honte" (Robert).
Surtout, il ne s'écrivait qu'avec un seul "N" au XIVe siècle, comme l'atteste la photo ci-dessus. Le verbe ne prit un peu d'embonpoint que bien plus tard...


Les expressions de Dide

Qui est donc ce Dide ?
En voici la biographie (que vous pouvez retrouver ici) :
Dide est un artiste peintre Nîmois, né à Alès dans le Gard. Il est dessinateur de presse pour le Midi Libre et dessinateur d'humour. Il illustre depuis plus de 6 ans les expressions courantes de la langue française. Il les détourne ou les dessine au pied de la lettre, mais toujours avec humour. Il intervient dans le milieu scolaire pour aborder les différentes formes d'humour et le traitement du langage de façon ludique par le biais de ses expressions. Il expose régulièrement ses dessins d'humour et en produit de nouveaux quotidiennement Il expose également des dessins et peintures artistiques depuis de nombreuses années. Les thèmes principaux tournent autour de l'être humain et de son humanité. Amoureux de musique, il a réalisé des séries de musiciens (Bob Marley, Jimi Hendrix, Jim Morrison, les Beatles, Led Zeppelin etc.); ou encore, en tant que portraitiste, Nelson Mandela, Einstein, Victor Hugo et bien d'autres... et réalise des portraits sur commande.
Moi, ce qui m'intéresse chez cet artiste, ce sont ses illustrations des expressions de la langue française, que vous pouvez retrouver sur le blog qu'il tient pour le journal Midi Libre
Note du 01/10/2014 : blog inaccessible sans mot de passe : dommage pour la promotion !.
Note du 08/01/2015 : vous pouvez vous rabattre sur cette page pour découvrir quelques dessins supplémentaires.
Note du 26/8/2017 : décidément, cet article est compliqué à maintenir à jour ! Donc, vous pouvez visualiser des dessins de dide sur cette page Facebook. Pour l'instant.

Sachez également qu'il a pour projet de regrouper ses dessins dans un (ou plusieurs) livre(s), dont le titre sera Les expressions de Dide.
Une souscription a été ouverte sur Kiss Kiss Bank Bank pour réunir les fonds nécessaires à cette publication. Allez y faire un tour. Et si le cœur vous en dit (sans tarder, car il reste à peine 4 jours)...


Il fait froid

En ce premier samedi de décembre, je vous propose un poème signé Victor HUGO.
Comme il est un peu long, je vous laisse deux semaines pour l'apprendre... Oui, je sais, je suis trop bon.

Il fait froid 
L’hiver blanchit le dur chemin
Tes jours aux méchants sont en proie.
La bise mord ta douce main ;
La haine souffle sur ta joie. 
La neige emplit le noir sillon.
La lumière est diminuée…
Ferme ta porte à l’aquilon !
Ferme ta vitre à la nuée ! 
Et puis laisse ton coeur ouvert !
Le coeur, c’est la sainte fenêtre.
Le soleil de brume est couvert ;
Mais Dieu va rayonner peut-être ! 
Doute du bonheur, fruit mortel ;
Doute de l’homme plein d’envie ;
Doute du prêtre et de l’autel ;
Mais crois à l’amour, ô ma vie ! 
Crois à l’amour, toujours entier,
Toujours brillant sous tous les voiles !
A l’amour, tison du foyer !
A l’amour, rayon des étoiles ! 
Aime, et ne désespère pas.
Dans ton âme, où parfois je passe,
Où mes vers chuchotent tout bas,
Laisse chaque chose à sa place. 
La fidélité sans ennui,
La paix des vertus élevées,
Et l’indulgence pour autrui,
Eponge des fautes lavées. 
Dans ta pensée où tout est beau,
Que rien ne tombe ou ne recule.
Fais de ton amour ton flambeau.
On s’éclaire de ce qui brûle. 
A ces démons d’inimitié
Oppose ta douceur sereine,
Et reverse leur en pitié
Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine. 
La haine, c’est l’hiver du coeur.
Plains-les ! mais garde ton courage.
Garde ton sourire vainqueur ;
Bel arc-en-ciel, sors de l’orage ! 
Garde ton amour éternel.
L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ?
Dieu ne retire rien du ciel ;
Ne retire rien de ton âme ! 
Victor Hugo

Invictus


En hommage à "Madiba".

INVICTUS, de William Ernest Henley

Dans la nuit qui m'environne,
Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Je loue les dieux qui me donnent
Une âme, à la fois noble et fière.

Prisonnier de ma situation,
Je ne veux pas me rebeller.
Meurtri par les tribulations,
Je suis debout bien que blessé.

En ce lieu d'opprobres et de pleurs,
Je ne vois qu'horreur et ombres
Les années s'annoncent sombres
Mais je ne connaîtrai pas la peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme
Je suis le maître de mon destin,
Le capitaine de mon âme.


Texte original

Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbow'd.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul

Citation de Michel Houellebecq



L'écriture ne soulage guère. Elle retrace, elle délimite. Elle introduit un soupçon de cohérence, l'idée d'un réalisme.
Michel HOUELLEBECQ, Extension du domaine de la lutte

S'avérer vrai

Dans la famille des affreux pléonasmes, je demande "s'avérer vrai" (variante : "s'avérer exact").

Le premier qui me dit qu'une information peut s'avérer fausse me copiera cent fois :
Je peux remplacer le verbe s'avérer par se révéler vrai.

À moins qu'il ne s'agisse d'une vraie fausse information et dans ce cas de figure, je ne réponds plus de rien.

Ne pas confondre : coin et coing

On va faire court sur ce coup-là :



--> Ceci est un coing.
Avec un G à la fin !




Tous les autres coins de la langue française s'écrivent C.O.I.N.

Coin-coin.

Rimes riches à l'œil

Le samedi, c'est poésie.
Cette semaine, je vous propose un petit texte d'Alphonse ALLAIS...
Rimes riches à l’œil 
L’homme insulté‚ qui se retient
Est, à coup sûr, doux et patient.
Par contre, l’homme à l’humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Moi, je n’agis qu’à bon escient :
Mais, gare aux fâcheux qui me scient !
Qu’ils soient de Château-l’Abbaye
Ou nés à Saint-Germain-en-Laye,
Je les rejoins d’où qu’ils émanent,
Car mon courroux est permanent.
Ces gens qui se croient des Shakespeares
Ou rois des îles Baléares !
Qui, tels des condors, se soulèvent !
Mieux vaut le moindre engoulevent.
Par le diable, sans être un aigle,
Je vois clair et ne suis pas bigle.
Fi des idiots qui balbutient !
Gloire au savant qui m’entretient ! 
Alphonse Allais

Ennuyeux / Ennuyant

Ennuyeux et ennuyant : deux cousins qui se ressemblent tellement qu'on ne sait plus trop lequel utiliser. Voilà qui est enn... fâcheux.

  • Voici donc une première approche du problème, que mes amis québécois devraient aimer :

Le mot ennuyeux désigne ce qui ennuie de manière générale. 
Le mot ennuyant désigne quelque chose de contrariant.

Exemple :
Je suis allé voir le dernier film de Machin. Il était très ennuyeux.
Le retard pris par le TGV est très ennuyant car je vais rater ma correspondance.

  • Deuxième approche, plus "française" :

Ces deux mots sont synonymes.
La nuance décrite plus haut n'est plus de mise en France, où l'on considère l'adjectif ennuyant comme vieilli (Académie française, Larousse, etc...). On remplacera donc avantageusement ce dernier par ennuyeux, qui réunit les deux idées (contrariété passagère imputable aux circonstances et lassitude persistante).
Si je reprends l'exemple ci-dessus, ça donnerait donc :
Le retard pris par le TGV était très ennuyeux car j'allais rater ma correspondance. Le voyage fut en outre long et ennuyeux.
On supprime cette vilaine répétition, la langue française étant suffisamment riche pour changer un des deux mots :
Le retard pris par le TGV était très fâcheux car j'allais rater ma correspondance. Le voyage fut en outre long et ennuyeux.

Le débat autour de l'emploi (ou non) de ces deux mots reste ouvert. Personnellement, je n'aime pas trop "ennuyant". Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien incapable de vous répondre.
En vous souhaitant un bon et captivant week-end !

Citation d'Eugène Géruzez


Dans l’écriture, la main parle ; et dans la lecture, les yeux entendent les paroles.
 
Eugène GÉRUZEZ, Mélanges et pensées

Autorisation préalable

Aujourd'hui, c'est pléonasmes.
Enfin, théoriquement. Parce que là, il y a matière à débat :
"Autorisation préalable" est-il un pléonasme ?

On rencontre très souvent cette expression, y compris dans des documents officiels. Vous ne me croyez pas ? Allez donc faire un petit tour sur le site www.interieur.gouv.fr.

Pourquoi serait-ce un pléonasme ?
L'action d'autoriser quelque chose intervient avant l'acte pour lequel elle est donnée. Elle répond à une demande qui, elle, est préalable et dont on espère un accord, préalable lui aussi.

D'aucuns rétorqueront, et ce n'est pas faux, qu'on voit régulièrement des autorisations données a posteriori. Dans le domaine du remboursement des soins, par exemple, cette situation est assez courante.
Donc, "autorisation préalable" serait plutôt une redondance, mais pas un pléonasme.
Soit.

Je pense personnellement que le problème vient de la confusion avec l'expression accord préalable, qui est quant à elle parfaitement correcte, mais semble peu à peu supplantée par autorisation préalable.
Pourquoi pas.

Le débat étant loin d'être clos, je pose donc ma paire de ciseaux et arrête de couper les cheveux en quatre... Jusqu'à la prochaine fois.


Ne pas confondre : ciseau et ciseaux

Ciseaux est le pluriel de ciseau. Jusque là, ça va, tout le monde suit.
Bon, et alors ?
Eh bien, il se trouve que les deux mots ne désignent pas vraiment la même chose.

Ciseau (Larousse)
Tige d'acier aiguisée en biseau à une extrémité et qui, frappée au marteau ou à la main à l'autre extrémité, sert à travailler des matières diverses (bois, métal, pierre, etc.) ou qu'on emploie comme levier pour écarter ce qui est cloué.
Mouvement des jambes ressemblant à un coup de ciseaux. (Les ciseaux sont utilisés dans les sauts en hauteur et en longueur, en gymnastique [au cheval-d'arçons], en lutte et au catch, ainsi que dans certaines nages).
Au football, reprise de volée acrobatique, souvent en retourné, alors qu'aucune partie du corps n'est en contact avec le sol.
Je ne vous ai gardé que les principales définitions du mot.


Ciseaux (Larousse)
Instrument formé de deux lames d'acier placées en X, de manière à se mouvoir autour d'un axe, et qu'on rapproche pour couper l'objet placé entre elles. (On dit aussi paire de ciseaux).



Donc, et c'est bien là que je veux en venir :
vous ne prendrez pas un ciseau pour découper du papier, mais des ciseaux, ou mieux, une paire de ciseaux !

Et méfiez-vous, en passant, d'Internet : si vous tapez dans un moteur de recherche d'images "ciseau", vous verrez surtout apparaître... des (paires de) ciseaux !
Qu'on se le (re)dise.

Avoir affaire ou avoir à faire ?

Parmi les expressions qui posent souvent un problème lorsqu'il s'agit de les écrire correctement, il y a ces fichues "avoir affaire" et "avoir à faire". Laquelle faut-il employer et quand ? Sont-elles correctes toutes les deux ?

Répondons tout de suite à la deuxième question : oui, les deux expressions sont correctes. Voilà qui n'arrange rien à l'affaire...

"Avoir affaire" est la forme la plus courante, et c'est elle qui est la plus malmenée. Ainsi, on écrira :
Il a affaire à plus fort que lui.
Vous aurez affaire à moi.
Cette expression se construit soit avec la préposition à, soit avec la préposition avec.

"Avoir à faire" se construit avec un complément d'objet direct :
Il a à faire ses devoirs pour demain.
J'ai à faire un long voyage pour te rejoindre.
Vous remarquerez, en outre, que vous pouvez inverser les termes de la phrase, ce qui n'est pas le cas avec "avoir affaire" :
Les devoirs qu'il a à faire...
Le long voyage que j'ai à faire...
Bref, tout est question de sens et de bon sens...

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Solution de l'énigme d'hier : tous ces mots changent de sens lorsqu'ils changent de genre.

Détente : le point commun

Comme c'est dimanche, on ne va pas risquer une entorse de neurone, ce serait trop bête.
Je vous propose donc une petite énigme, dont je vous donnerai la solution demain (mais sera-ce bien utile ?).

Quel est le point commun entre tous ces mots ?

CARPE
LIVRE
MANCHE
MÉMOIRE
MOUSSE
SOMME
VASE

Les soleils de novembre

Le samedi, c'est poésie.
Cette semaine, je vous propose un (long) texte d'Auguste LACAUSSADE.
À apprendre par cœur pour samedi prochain.

Les Soleils de Novembre 
Un beau ciel de novembre aux clartés automnales
Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ;
Les feux du jour buvaient les gouttes matinales
Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux. 
Les coteaux de Lormont, où s’effeuillaient les vignes,
Étageaient leurs versants jaunis sous le ciel clair ;
Vers l’orient fuyaient et se perdaient leurs lignes
En des lointains profonds et bleus comme la mer. 
Lente et faible, la brise avait des plaintes douces
En passant sous les bois à demi dépouillés ;
L’une après l’une au vent tombaient les feuilles rousses,
Elles tombaient sans bruit sur les gazons mouillés. 
Hélas ! plus d’hirondelles au toit brun des chaumières,
Plus de vol printanier égayant l’horizon ;
Dans l’air pâle, émanant ses tranquilles lumières,
Rayonnait l’astre d’or de l’arrière-saison. 
La terre pacifique, aux rêveuses mollesses,
Après l’âpre labeur des étés florissants,
Semblait goûter, pareille aux sereines vieillesses,
Les tièdes voluptés des soleils finissants. 
Avant les froids prochains, antique Nourricière,
Repose-toi, souris à tes champs moissonnés !
Heureux qui, l’âme en paix au bout de sa carrière,
Peut comme toi sourire à ses jours terminés ! 
Mais nous, rimeurs chétifs, aux pauvretés superbes,
De nos vertes saisons, hélas ! qu’avons-nous fait ?
Qui peut dire entre nous, pesant ses lourdes gerbes :
« Mourons ! mon œuvre est mûre et mon cœur satisfait ! » 
Jouets du rythme, esprits sans boussole et sans force,
Dans ses néants la forme égara nos ferveurs ;
Du vrai, du grand, du beau nous n’aimions que l’écorce ;
Nous avons tout du fruit, tout, hormis les saveurs ! 
En nombres d’or rimant l’amour et ses délires,
Nous n’avons rien senti, nous avons tout chanté.
Vides sont les accords qu’ont exhalé nos lyres !
Vide est le fruit d’orgueil que notre arbre a porté ! 
Tombez, tombez, tombez, feuilles silencieuses,
Fleurs séniles, rameaux aux espoirs avortés !
Fermez-vous sans écho, lèvres mélodieuses !
Endormons-nous muets dans nos stérilités ! 
Plus de retours amers ! trêve aux jactantes vaines !…
Oui, la Muse eût voulu des astres plus cléments !
Un sang pauvre et le doute, hélas ! glaçaient nos veines :
Nous sommes de moitié dans nos avortements. 
Il faisait froid au ciel quand nous vînmes au monde,
La sève était tarie où puisaient les aïeux.
Résignons-nous, enfants d’une époque inféconde :
Nous mourons tout entiers, nous qui vivons sans dieux ! 
O dureté des temps ! ô têtes condamnées !
Fiers espoirs d’où la nuit et l’oubli seuls naîtront !
Eh bien, soit ! — Acceptons, amis, nos destinées :
Sans haine effaçons-nous devant ceux qui viendront ! 
Succédez-nous, croissez, races neuves et fortes !
Mais nous, dont vous vivrez, nous voulons vous bénir.
Plongez vos pieds d’airain dans nos racines mortes !
D’un feuillage splendide ombragez l’avenir ! 
Et vous, ferments sacrés des époques prospères,
Foi, liberté, soleil, trésors inépuisés,
Donnez à nos vainqueurs, oublieux de leurs pères,
Tous les biens qu’aux vaincus la vie a refusés ! 
Auguste Lacaussade, Les Automnales

Avoir l'air...

Diriez-vous :
Cette femme a l'air soucieuse
ou
Cette femme a l'air soucieux ?

On revient sur les différentes situations que l'on peut rencontrer :

- Lorsque le sujet est un nom de chose, l'adjectif qui suit "avoir l'air" s'accorde avec le sujet.
Ex : L'eau de cette rivière a l'air polluée.

- Lorsque le sujet est une personne, alors on peut ou non accorder l'adjectif, selon que l'on voudra ou non insister sur ce qui est exprimé par l'adjectif.
Donc, dans le cas cité au début de ce billet, les deux orthographes sont acceptables. Dans la deuxième possibilité, on insiste sur l'expression (soucieuse) du visage de la femme.

- Dernier cas : si l'adjectif qui suit "avoir l'air" est lui-même suivi d'un complément, il reste au masculin singulier.
Ex : Cette jeune fille n'a pas l'air dur de son frère.

Bon, sans en avoir l'air, on a bien déminé le terrain, là...

Citation de Georges Perec


Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.
Georges PEREC, Espèce d’espaces

Apparence extérieure

Mercredi, c'est pléonasmes. Youpi.

Cette semaine, je dénonce l'insidieux "apparence extérieure", qui fleurit de temps à autre au détour d'un article.
(Un exemple : http://cdlm.revues.org/93)

Si "apparence extérieure" est un pléonasme, c'est tout simplement parce que le terme "apparence" contient déjà la notion d'extériorité.

Définition Larousse :
Aspect, conforme ou non à la réalité, sous lequel quelque chose, quelqu'un apparaît à la vue ou à l'esprit. [...] Ce qui apparaît à la surface des choses, par opposition à ce qui est en profondeur, essentiellement. 

Le plus regrettable, dans l'affaire, c'est que l'on retrouve ce pléonasme jusque dans la littérature. En voici deux exemples :
« Les apparences extérieures n'ont jamais trompé personne. » Claire Martin, Avec ou sans amour
« Par l'apparence extérieure, se manifeste l'intérieur. » Gabriel Meurier, Trésor des sentences
Mais que tout cela ne gâche surtout pas votre semaine...

Ne pas confondre : hâler et haler

Ah, cet accent circonflexe ! Il est tout de même bigrement important ! Je ne le répéterai jamais assez. Et en voici une preuve supplémentaire, avec les verbes hâler et haler.

Hâler
Brunir la peau de quelqu'un, en parlant de l'action du soleil ou de l'air.
(Larousse)

Haler
Élever ou tirer un fardeau à l'aide d'un câble, d'une corde, tirer à soi avec force sur un filin, une amarre.
Remorquer un bâtiment le long d'une voie navigable ou d'un quai à l'aide d'un câble ou d'un cordage, à partir de la berge.
(Larousse)

Pour vous aider à vous souvenir lequel des deux prend un accent circonflexe, pensez au soleil qui hâle votre peau, ce qui ne vous dispense pas de mettre un chapeau !


Métempsycose

Oui madame, ce mot existe. Oui monsieur, on peut aussi écrire "métempsychose". Non mademoiselle, ce n'est pas le titre d'un film d'Hitchcock. Et effectivement, jeune homme, ce mot n'est pas très utile.
Mais voilà, malheureusement pour vous, je suis tombé dessus par hasard et je n'ai pas pu résister au plaisir complètement futile de le partager avec vous, fidèles lecteurs masochistes.

La métempsycose (ou métempsychose) désigne une doctrine selon laquelle une âme peut animer successivement plusieurs corps (humains ou animaux).
Source : Robert 2014
On notera en passant, pour la (toute) petite histoire, que Larousse et Robert ne donnent pas tout à fait la même définition du mot, le premier ajoutant la possibilité d'une réincarnation végétale. De l'importance de consulter plusieurs sources...

Pour en savoir plus, vous pouvez toujours lire l'article de Wikipédia, bien plus prolifique sur ce mot qu'un simple dictionnaire.

Quelqu'un qui plagie une idée d'un auteur ancien pourrait s'excuser en invoquant la métempsycose et dire: «Prouvez-moi donc que je ne fus point déjà cet homme-là. 
Georg Christoph LICHTENBERG

Quelque, quelques

Alors, quelque ou quelques ?

Comme souvent en français, il faut comprendre le sens de la phrase ou de l'expression pour orthographier correctement ce mot.

On utilise quelque au singulier lorsqu'il a le sens de "un certain" :
En quelque sorte, il y a quelque temps.

On le met au pluriel quand il signifie "plusieurs" :
Le manuscrit contenait quelques centaines de fautes.

En tant qu'adverbe, quelque placé devant l'expression d'un nombre, d'une quantité, est toujours au singulier :
Les quelque deux cents spectateurs applaudirent longuement.

NB : l'expression "et quelques" s'utilise toujours au pluriel :
Il y a dans cette salle deux cents et quelques spectateurs.

Précisons enfin qu'il ne faut pas confondre quelque et quel que. Mais cela fera l'objet d'un futur article ici-même...

In memoriam : Looping

Aujourd'hui c'est samedi mais il n'y aura pas, exceptionnellement, de poème.

Il y a un an mourait Looping, le chien de la famille, à l'âge canonique de 17 ans et des broutilles.
Avec ma fille aînée, nous tenions pour lui un blog, "Une vie de chien".
Drôle d'idée, certes. Mais pas si originale que ça (c'est fou le nombre de chiens présents en ligne, via des blogs ou sur Facebook !).
Quoiqu'il en soit, ce blog existe toujours. De temps en temps, on y fait un petit saut, histoire de retrouver un peu notre vieux compagnon de route...
Voici, en particulier, un billet dans lequel Looping se présentait. Il avait été écrit le 12 novembre 2006...

20 000. Ça c'est fait.

La barre des 20 000 vues vient d'être franchie sur ce blog, lors de la publication du 255e article.
Merci pour votre fidélité.
Et maintenant, cap sur les 40 000 rougissants (de plaisir et de fierté) !

Le parallélisme

Ne vous sauvez pas ! Vous êtes bien sur un blog "littéraire" ! Et je vais vous parler de parallélisme en tant que figure de style.

Le parallélisme consiste à juxtaposer ou coordonner deux phrases ou segments de phrases de structure identique ou suffisamment proche pour créer un effet de répétition.
Et rien ne vaut quelques exemples empruntés à la littérature pour bien comprendre cette figure de style...

Dieu aima les oiseaux et inventa les arbres. L'homme aima les oiseaux et inventa les cages. (Jacques Deval) 
Des trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps. (Raymond Queneau) 
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
(Jacques Prévert) 
Je meurs si je vous perds ; mais je meurs si j'attends. (Racine)


Apanage exclusif

Mercredi, c'est pléonasmes.
Apanage exclusif : si je n'ai pas entendu cent fois celui-ci, alors je ne l'ai jamais entendu !

À l'origine, l'apanage désignait une partie du domaine royal accordée à un prince qui renonçait au pouvoir (source : Le Robert illustré 2014).
Aujourd'hui, ce mot désigne un bien exclusif, un privilège. La notion d'exclusivité figurant déjà dans sa définition, il est donc inutile de l'affubler de l'adjectif exclusif.

Le sourire est l'apanage, la langue, l'expression de la maternité. Honoré de Balzac

Ne pas confondre : chasse et châsse

Comme quoi, un simple petit chapeau, ça vous change la vie...

Je ne crois pas très utile de revenir sur la définition du mot chasse.
Voyons donc d'un peu plus près châsse :
n.f. (vient du latin capsa -> caisse ; châssis) 1. Coffre où l'on garde les reliques d'un saint. 2. argot œil. (Le Robert, 2014)

Si vous tapez ce mot dans votre moteur de recherche, vous trouverez de nombreuses photographies de châsses. La plupart de ces coffres (ou cercueils-reliquaires) sont de toute beauté. La photo qui illustre cet article représente la châsse de Charlemagne, à Aix-la-chapelle.

"Elle était parée, cette fois, comme une châsse, pomponnée, attifée, tout or et tout rubans." Prosper Mérimée

Châsse de Charlemagne


J'allais oublier : dorénavant, vous savez également pourquoi le a de châssis sort lui aussi couvert...

Tout, tout, tout, vous saurez tout (2)

Le 20 juillet dernier, je vous avais déjà servi une bonne dose de "tout", vous laissant toutefois sur votre faim en vous annonçant un deuxième article sur le sujet... Eh bien le voici. Car nous n'avons pas fait le tour de la question...

Tout autre
En tenant compte de ce que nous avons déjà vu, si tout est adverbe alors il est invariable. C'est le cas dans la phrase suivante :
Parler français correctement est une chose, l'écrire correctement est une tout autre paire de manches.
(Ici, tout autre signifie "entièrement différent")

Mais si tout est utilisé comme un déterminant indéfini, alors il s'accorde :
Toute autre chose serait superflue.
(Ici, tout autre signifie "n'importe quel autre")

Tout + à ou de
Devant les prépositions à ou de, tout s'accorde en genre, mais pas en nombre. C'eût été trop simple.
Ainsi, on écrira :
Elle est toute à son affaire. / Elles sont tout à leur affaire.
Une fête toute de strass et de lumière. / Des fêtes tout de strass et de lumière.

En outre, avec un nom de couleur, tout de est invariable :
Ces femmes étaient tout de noir vêtues.

Tout + en ou contre
Devant en ou contre, tout est invariable :
Ces femmes, tout de noir vêtues, étaient tout en larmes. Leurs filles se pressaient tout contre elles.

Bon, ce sera tout pour aujourd'hui. On ne va tout de même pas en faire toute une histoire !

Chanson d'automne

Le samedi, c'est poésie.
Aujourd'hui, je vous propose un texte de Verlaine qui devrait vous dire quelque chose...

Chanson d’automne 
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone. 
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure 
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte. 
Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Aucun, aucuns

Petit test :
qui, parmi vous, écrirait "Payable en trois fois sans aucuns frais" ?
Ah, je vois avec plaisir plusieurs mains se lever.
On rembobine pour les autres.

Le déterminant indéfini aucun (aucune) s'emploie généralement au singulier. C'est sa forme la plus courante.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue qu'il s'accorde en genre ET en nombre.
D'aucuns me diront alors qu'aucun introduit une notion de singulier, donc l'accord en nombre peut apparaître un rien contradictoire.
Certes. Mais il existe des mots qui ne s'emploient qu'au pluriel, comme funérailles, frais... Et dans leur cas, il faut donc bel et bien écrire aucunes ou aucuns. CQFD.

(source : Bescherelle)

Citation de Jean Ricardou



Le récit n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture.
Jean RICARDOU, Pour une théorie du nouveau roman