Austerlitz

(Article déjà publié le 2 décembre 2014)

Depuis 1805, les saint-cyriens fêtent la victoire d'Austerlitz (et y associent d'ailleurs tous les officiers, quelle que soit leur origine). Cette fête traditionnelle s'appelle le 2S : 2 pour le jour, le S étant celui du mot AUSTERLITZ (pour plus d'explications à ce sujet, voir ici).
Voici donc le discours prononcé par Napoléon à l'issue de cette bataille :

Soldats,
Je suis content de vous. Vous avez à la journée d'Austerlitz, justifié tout ce que j'attendais de votre intrépidité ; vous avez décoré vos aigles d'une immortelle gloire. Une armée de cent mille hommes, commandée par les Empereurs de Russie et d'Autriche, a été, en moins de quatre heures ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s'est noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de trente mille prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n'a pu résister à votre choc, et désormais vous n'avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette troisième Coalition a été vaincue et dissoute. La paix ne peut plus être éloignée, mais, comme je l'ai promis à mon peuple avant de passer le Rhin, je ne ferai qu'une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses à nos alliés.
Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de la gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux. Mais dans le même moment nos ennemis pensaient à la détruire et à l'avilir ! Et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m'obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis ! Projets téméraires et insensés que, le jour même de l'anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéanti et confondu ! Vous leur avez appris qu'il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre.
Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France ; là vous serez l'objet de mes plus tendres sollicitudes.
Mon peuple vous recevra avec joie et il vous suffira de dire, "j'étais à la bataille d'Austerlitz" pour que l'on réponde, "voilà un brave".

N'oublions pas

11 novembre 1918, 11 heures.
Fin officielle d'une guerre sans équivalent jusque-là dans l'histoire de l'humanité. Une guerre de quatre ans, mondiale, tellement dévastatrice que l'on est persuadé qu'il n'y en aura plus jamais d'autres comme celle-là.
N'oublions pas. N'oublions jamais.
Il n'y a plus d'ancien combattant survivant depuis 2011. C'était un Britannique. Le dernier "poilu" français est mort, quant à lui, en 2008.
Désormais, le 11 Novembre commémore tous les hommes et femmes qui se sont battus ou se battent encore pour la France. Ainsi, cette année, les morts et les blessés des opérations extérieures seront mis à l'honneur, et ce afin de rendre hommage à tous nos soldats engagés sur des théâtres lointains.
Onze heures.
Un grand silence, un grand étonnement.
Puis une rumeur monte de la vallée, une autre lui répond de l'avant. C'est un jaillissement de cris dans les nefs de la forêt. Il semble que la terre exhale un long soupir. Il semble que de nos épaules tombe un poids énorme. Nos poitrines sont délivrées du cilice de l'angoisse : nous sommes définitivement sauvés.
Cet instant se relie à 1914. La vie se lève comme une aube. L'avenir s'ouvre comme une avenue magnifique. Mais une avenue bordée de cyprès et de tombes. Quelque chose d'amer gâte notre joie, et notre jeunesse a beaucoup vieilli.
Gabriel Chevallier, La peur

11 septembre

Devoir de mémoire. Parce qu'on oublie tout trop vite. Parce que le négationnisme essaie encore et toujours de convaincre les simples d'esprit que cela n'a pas existé, qu'il s'agissait d'un complot. Les mêmes qui veulent faire croire que l'homme n'a jamais marché sur la lune. Ramassis d'abrutis. À la face de ces gens, ces quelques vers d'un auteur anonyme. Pour ne pas oublier.


À l'aube du siècle
À l'orée du millénaire
Journée rouge
Ciel crépusculaire.
Traumatisme fondamental
Pierre angulaire
D'une peur principale
Et du processus de guerre.
Vision de ces tours
Du vide derrière elles ;
Je me souviens qu'aux prémices du jour
J'avais aperçu une hirondelle...

C'est la rentrée !


Eh oui, c'est déjà la rentrée ! Pour marquer ce retour à la dure réalité de la vie pour quelques millions d'écoliers, je vous propose une poésie et un extrait de livre...

Le cancre 
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur 
Jacques Prévert

À propos de cancres, et si ça peut rassurer les parents, je vous recommande la lecture de Chagrin d'école, de Daniel PENNAC, dont voici un extrait (chapitre 3) :
Donc, j’étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l’école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n’étais pas le dernier de ma classe, c’est que j’en étais l’avant-dernier. (Champagne !) Fermé à l’arithmétique d’abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l’apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique, ni le sport, ni d’ailleurs aucune activité parascolaire. Tu comprends ? Est-ce que seulement tu comprends ce que je t’explique ? Je ne comprenais pas. Cette inaptitude à comprendre remontait si loin dans mon enfance que la famille avait imaginé une légende pour en dater les origines : mon apprentissage de l’alphabet. J’ai toujours entendu dire qu’il m’avait fallu une année entière pour retenir la lettre a. La lettre a, en un an. Le désert de mon ignorance commençait au-delà de l’infranchissable b.

Le muguet de Maurice Carême

Le muguet

Cloches naïves du muguet,
Carillonnez ! Car voici Mai !

Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en rint de la terre.

Carillonnez ! Car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !

Les yeux brillants, l’âme légère,
Les fillettes s’en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.

Carillonnez ! Car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !

Maurice Carême

Citation de Guy de MAUPASSANT

 

Guy de Maupassant
Car c'est par l'écriture toujours qu'on pénètre le mieux les gens. La parole éblouit et trompe, parce qu'elle est mimée par le visage, parce qu'on la voit sortir des lèvres, et que les lèvres plaisent et que les yeux séduisent. Mais les mots noirs sur le papier blanc, c'est l'âme toute nue.

 

Guy de MAUPASSANT 
Notre cœur


Bonne année 2021

 

À vous tous qui me faites l'honneur et le plaisir de lire ces billets consacrés à la langue française, mais aussi à tous ceux qui vous sont chers, j'adresse mes vœux les plus sincères à l'aube de cette nouvelle année.

Si, depuis quelques années déjà, je mets en ligne peu de nouveaux articles sur ce blog, je n'en garde pas moins l'envie d'en ajouter, de temps en temps...

Et, promis, il y en aura en 2021 !